Le tacle est subtil, mais en dit long. Dans son communiqué de presse, publié à l'issue du vote en commission parlementaire sur la réforme de la politique agricole commune, la Commission européenne a souligné la nécessité de mettre en place des mesures écologiques "simples, cohérentes, avec des garanties d'efficacité".
Très nombreuses exceptions
Les députés ont bien entériné le principe de conditionner 30% des aides directes reçues par les agriculteurs au respect de mesures environnementales. Mais ils ont élargi et assoupli les critères d'éligibilité, au risque de réduire l'efficacité de la mesure.
En octobre 2011, la Commission a proposé trois conditions : la diversification des cultures (au moins 3), le maintien de prairies permanentes et la présence de réservoirs écologiques (7% des terres).
Les exploitations disposant du label biologique, situées sur une zone de protection des oiseaux ou de petites tailles, étaient les seules exceptions possibles.
Les élus ont élargi le spectre. Désormais, les agriculteurs engagés dans des mesures agroenvironnementales, ceux dont les terres sont classées Natura 2000, qui disposent de 75% de prairies ou d'une équivalence de certification environnementale nationale, seront automatiquement éligibles aux 30% d'aides vertes. Dans le même temps, les contraintes de diversification des cultures sont réduites et la mise en place des réservoirs écologiques devient progressive.
"On change tout pour ne rien changer"
Ces modifications ont provoqué une levée de boucliers des Verts. Le Parlement européen est "frileux", lâche José Bové. "On change tout pour ne rien changer", déclare le vice-Président de la commission Agriculture à EurActiv. fr. "On recule même sur certains sujets", estime-t-il. A l'inverse, pour Michel Dantin, élu UMP, les modifications effectuées par le Parlement vont rendre...