La pollution de ces écosystèmes est un problème majeur tant pour la population, utilisatrice des ressources en eau, que pour la faune et la flore pour lesquelles l'eau représente le milieu de vie.
Depuis quelques années, les scientifiques se penchent sur un certain type de pollution : les polluants émergents. Ils représentent en effet des risques potentiels ou avérés à court et long termes pour les écosystèmes. Contrairement à ce que pourrait indiquer leur dénomination, ils ne sont pas nouveaux mais nouvellement recherchés. Diffusés depuis un certain temps dans l'environnement, leur présence et leur impact n'ont été identifiés que récemment. Ce sont souvent des polluants d'origine chimique qui n'ont pas encore de statut réglementaire. Antibiotiques, stéroïdes, hormones, détergents, produits phytosanitaires, cosmétiques… sont connus ou suspectés d'être des perturbateurs endocriniens, entre autres. Les données disponibles aujourd'hui sur ces substances sont rares et largement insuffisantes. Leur dispersion, leur interaction, leur transfert dans les milieux sont encore méconnus. L'analyse des polluants émergents dans l'eau est pourtant fondamentale pour la protection de la santé et des écosystèmes et pour améliorer l'efficacité des traitements (procédés d'épuration…).
C'était l'objet d'un colloque Adebiotech organisé du 20 au 22 octobre à Romainville par l'INERIS, Veolia Environnement et Watchfrog.
Des polluants encore méconnus
Les polluants émergents sont de nature chimique ou biologique. Ils peuvent être d'origine industrielle, agricole, domestique ou naturelle. Deux grandes voies d'entrées dans l'environnement ont été identifiées par la recherche : les sources ponctuelles (rejets de stations d'épuration, d'assainissement non collectif, d'hôpitaux, d'industries) ou diffuses (épandage de fumier, de lisier, de boues…). Une fois émises dans l'environnement, ces substances peuvent être transférées dans les eaux de surface et souterraines. Aujourd'hui, les connaissances sur l'état de contamination des différents compartiments de l'environnement sont faibles. De plus, une fois présents dans l'environnement, ces polluants subissent différentes transformations. Les polluants parents vont disparaître au profit de photoproduits ou métabolites. Leurs comportements environnementaux et leurs profils écotoxicologiques sont alors très différents de ceux des molécules parents, ayant subit de véritables modifications structurales.
Il est de ce fait difficile de connaître la persistance ou la dégradation des polluants émergents dans l'environnement. Leur comportement est très variable, leurs propriétés physico chimiques sont très différentes d'une substance à une autre et leur réaction est pour l'instant peu prévisible. Il est pourtant nécessaire d'identifier, de détecter et de déterminer le potentiel toxique et écotoxique des polluants dans des environnements variés et mais aussi dans les mélanges variables. La contamination environnementale est EN EFFET souvent composée d'un mélange complexe de molécules à faible dose.
Des techniques d'analyse en développement
L'évaluation de la qualité des eaux, la mesure de la contamination des écosystèmes aquatiques et de son évolution sont aujourd'hui réalisées principalement par la mesure de la concentration de substances prioritaires (définies dans le cadre de la directive sur l'eau). Mais les techniques d'analyse atteignent leurs limites dans le cas de faibles concentrations des polluants et de mélanges. Les mélanges de polluants peuvent représenter plus de 10.000 molécules dont certaines à l'état de traces. Leur diversité, la complexité de leurs modes d'actions sur un organisme entier, la capacité de certains polluants à agir à de très faibles concentrations sur la santé augmentent la difficulté d'appréhender les risques liés aux polluants émergents.
De nouvelles techniques de mesures sont développées aujourd'hui dans le domaine des polluants émergents. Les scientifiques misent beaucoup sur les biotechnologies. Mais beaucoup d'entre elles sont encore au stade de développement et pas encore validées.
Deux types de méthodes coexistent aujourd'hui pour permettre de mesurer des effets à court et à long terme : les méthodes directes, qui mesurent la concentration ou les émissions naturelles d'une molécule, et les méthodes indirectes, qui mesurent l'effet global d'une molécule ou d'un mélange sur un modèle biologique.