Depuis 1995, des actions de prévention ont été menées dans le cadre d'un contrat de rivière afin de réduire cette pollution. L'ensemble de ces interventions a permis une amélioration de la qualité des eaux concernant surtout le mercure, le cadmium et le plomb. Toutefois, une étude réalisée à mi-parcours de ce contrat rivière, en 2002, a mis en évidence une atteinte partielle des objectifs en matière de pollution métallique pour le chrome, le cuivre, le nickel et le zinc. Certains effluents industriels sont encore envoyés dans la rivière Arve sans avoir été traités de manière optimale. La présence de métaux lourds dans ce milieu aquatique liée à l'activité du décolletage dans la vallée reste donc préoccupante.
C'est pourquoi, afin d'accentuer les efforts, l'Agence de l'eau Rhône-Méditerranée et Corse, le Syndicat Mixte d'Aménagement de l'Arve et de ses Abords (SM3A), le Syndicat National du Décolletage (SNDEC) et le Syndicat intercommunal à vocation multiple (SIVOM) de la Région de Cluses ont décidé de mettre en place un contrat pluriannuel d'actions collectives.
Opérationnel depuis le 1er septembre 2007, ce contrat porte sur cinq ans et vise à réduire l'impact des rejets liquides et des déchets industriels sur le milieu naturel. Il comprend deux volets : un volet « amélioration de la qualité de l'eau de l'Arve » et un volet « amélioration de la gestion des déchets spécifiques des professionnels ». Les actions des industriels viseront à maîtriser et à orienter les effluents et les déchets vers les bonnes filières de traitement. En contrepartie, les collectivités assureront la fiabilisation de leurs équipements (déchetteries, unités de traitements des déchets et des eaux usées, collecteur intercommunal des eaux usées).
Le SNDEC et le SIVOM de la Région de Cluses animeront et accompagneront les aspects réglementaires, techniques et financiers auprès des industriels tandis que le SM3A aura pour mission de mesurer l'impact de ces efforts sur la rivière Arve. L'Agence de l'eau intervient, quant à elle, en tant que partenaire financier et sera le garant de la bonne coordination des opérations. Elle apporte plusieurs millions d'euros pour financer les actions à mettre en place par les collectivités et les entreprises. L'objectif général étant, à terme, de pérenniser la fiabilité des équipements de traitement et d'ancrer les bonnes pratiques sur la gestion des déchets et des effluents.
Les quatre partenaires ont souhaité dans un premier temps mettre en place un projet portant sur une problématique spécifique, les métaux lourds et les déchets industriels, afin d'obtenir des résultats probants. À l'issue du contrat, en matière d'amélioration des effluents liquides, il est attendu une baisse de 50% de la concentration en métaux dans les boues de l'unité de traitement des eaux usées. Ainsi, la concentration totale en chrome, cuivre, nickel et zinc de ces boues devrait atteindre 4 g/kg de matière sèche (MS) fin 2012, contre 8 g/kg de MS en 2005. Pour l'Arve, l'objectif consiste à gagner une à deux classes de qualité, afin d'obtenir une classe de « bonne » qualité pour le paramètre pollution métallique. En matière d'amélioration de la gestion des déchets des professionnels, les acteurs prévoient la multiplication par deux des déchets industriels spéciaux orientés vers les filières adaptées.
Cette opération collective présente un caractère expérimental au niveau régional. 30 communes et 1.000 entreprises sont potentiellement concernées par la démarche. Si les méthodes de travail et les solutions techniques identifiées montrent leur pertinence, elles seront élargies à d'autres secteurs. De même, les actions dans un premier temps ciblées sur la pollution métallique pourraient être étendues à d'autres priorités (hydrocarbures, graisses,…).