Après six ans de travaux, le programme interministériel de recherche et d'innovation dans les transports terrestres (PREDIT) tourne une nouvelle page avec la clôture de son quatrième volet. Initié en 1990, ce programme est conduit par les ministères en charge du développement durable, de l'industrie, de la recherche mais aussi l'Agence nationale de la recherche, l'Ademe et Oseo. Sa quatrième édition, initiée en 2008, a généré pas moins de 1.121 projets de recherche soutenus à hauteur de 350 millions d'euros pour un budget global d'1,2 milliard.
Une nouvelle version de ce PREDIT est en discussion pour 2014. Le ministère de l'Ecologie a réaffirmé son engagement par la voix du Commissaire général au développement durable, Jean-Paul Albertini. Mais les objectifs et la structure du programme devraient évoluer "pour mieux s'adapter aux évolutions des paysages de la recherche européen et français". "Sa vocation prioritaire sera d'éclairer la définition et la mise en oeuvre des politiques publiques des transports, en renforçant le dialogue avec le monde industriel et avec les collectivités territoriales et leurs opérateurs", précise un communiqué.
La motorisation des véhicules en question
Report modal, véhicules hybrides, solution de mobilité… la question des transports est source d'innovation. Même si la majeure partie des projets cherchent surtout à réduire les émissions de CO2 et des polluants atmosphériques (NOx, CO, particules…) des véhicules afin de passer le cap de la réglementation Euro 6 d'ici 2014. Cette nouvelle norme visera à limiter les émissions d'oxydes d'azote (NOx) de 80% et les émissions de particules (PM) de 66% par rapport aux limites définies dans le cadre d'Euro 5, en vigueur depuis septembre 2009.
A l'occasion de son Carrefour final organisé les 7 et 8 octobre à Paris, le programme de recherche a souhaité mettre en avant 19 projets "dont la qualité et les impacts font référence pour le programme au regard de ses différentes priorités." Ils portent autant sur des avancées technologiques que sur la connaissance et l'anticipation des comportements de mobilité (passagers et fret), notamment dans leur articulation avec l'aménagement et l'urbanisme.
Le projet Hydole pour HYbride à DOminante éLEctrique porté par PSA Peugeot Citroën en partenariat avec le CEA, EDF, Freescale, l'IFP et Leroy Somer est l'un d'eux. Il vise à définir une nouvelle offre de véhicules polyvalents pour un usage quotidien "courtes distances" (50 à 70 km par jour) en mode électrique, rechargeables sur secteur au domicile ou sur borne, et un usage occasionnel "longues distances", en mode hybride, permettant de s'affranchir des limites d'autonomie de la batterie, tout en bénéficiant de l'hybridation dans le bilan global des émissions et de la consommation.
Limiter l'impact paysager des grandes infrastructures
Le projet Graphab s'est également distingué. Mené sous l'égide de l'Université de Franche-Comté, il a permis de mettre au point un outil informatique permettant de limiter les impacts environnementaux des grandes infrastructures de transport comme les autoroutes ou les lignes ferroviaires. L'idée est de modéliser via des graphes paysagers le réseau écologique du milieu, c'est-à-dire les zones d'habitat et les flux qui les relient à l'image des trames vertes et bleues. En mettant en évidence les propriétés du réseau d'habitat disponible pour une espèce et ses points de vulnérabilité, ces analyses peuvent guider l'action et la gestion paysagère, soit pour améliorer la connectivité (restauration paysagère, maintien de la biodiversité), soit pour diminuer cette connectivité (lutte contre les invasions biologiques).
Imaginer les aires de livraison du futur
Le projet ALF, également primé, s'intéresse quant à lui à la logistique et au transport de marchandises. Son objectif est de proposer une gestion mutualisée (basée sur un système de réservation) et dynamique des aires de livraison de façon à réduire la congestion et la pollution liées aux livraisons, à optimiser les tournées des chauffeurs livreurs, à créer des emplois et à donner une image de la ville plus "vivable", explique L'Ecole Centrale de Lyon, porteur du projet. Concrètement il s'agit de créer un système de réservation auprès d'une plate-forme télématique qui serait capable, compte tenu de l'intégration de toutes les données concernant les aires de livraison dans un centre-ville, de proposer aux opérateurs des créneaux horaires aux emplacements successifs où ils doivent livrer leurs marchandises. Les travaux sont désormais prêts à être testés sur le terrain via une expérimentation "avec une ville moyenne intéressée et un financement approprié à trouver."