Eacop, le projet d'oléoduc porté par TotalEnergies en Ouganda et en Tanzanie, n'est pas seulement un danger pour le climat. D'après Human Rights Watch, il constitue aussi un danger pour les droits humains. Dans une nouvelle enquête (1) publiée ce jeudi 2 novembre, l'ONG américaine dénonce le harcèlement, les menaces et les arrestations dont sont victimes de nombreux activistes locaux opposés au projet. Selon ses chiffres, au moins trente d'entre eux ont été arrêtés « pour des raisons politiques » à Kampala, la capitale ougandaise, et dans d'autres régions du pays depuis octobre 2021. Le gouvernement ougandais aurait également suspendu l'activité de 54 associations locales – dont certaines ont subies des menaces et des descentes de police avec confiscation de matériels et de documents. De plus, « deux personnes qui se sont rendues en France pour une audience au tribunal en décembre 2019 ont été victimes d'un harcèlement continu de la part des forces de sécurité et du gouvernement depuis leur retour », indique Human Rights Watch.
« Les activistes protestent à la fois contre la construction de l'oléoduc et contre le traitement réservé aux personnes se trouvant sur son passage, souligne l'ONG. Plus de 100 000 personnes en Ouganda et en Tanzanie perdront leurs terres à cause de cette exploitation pétrolière. De nombreux activistes ont expliqué à Human Rights Watch que les menaces constantes de la part du gouvernement local et des responsables de la sécurité rendent plus difficile l'apport d'un soutien aux personnes qui ont perdu leurs terres. » Dans une lettre (2) adressée à l'ONG le 23 octobre dernier, Philippe Groueix, directeur général de la branche ougandaise de TotalEnergies, lui a assuré que la multinationale « ne tolérera aucune attaque ou menace contre ceux qui promeuvent pacifiquement et légalement les droits humains dans le cadre de [ses] activités ».
Pour rappel, l'oléoduc de pétrole brut d'Afrique de l'Est (ou Eacop) doit relier deux champs pétrolifères, situés de part et d'autre du lac Albert à la frontière ouest de l'Ouganda, au port de Tanga en Tanzanie sur la côte est africaine. Parcourant 1 443 kilomètres, il représentera le plus long pipeline du monde. TotalEnergies en est l'actionnaire majoritaire (62 %), devant les compagnies publiques des deux pays concernés (15 % chacune) et de la Société nationale chinoise du pétrole offshore (ou CNOOC, à 8 %). La mise en service était initialement prévue pour l'année 2025 mais les porteurs de projet doivent encore finaliser le financement d'ici la fin de l'année.