En association avec le département "sites et sols pollués" de l'Ademe, une équipe de recherche de l'Institut Polytechnique LaSalle Beauvais, vient de lancer un projet pilote pour la dépollution des nappes phréatiques via l'ozone. Baptisé OPOPOP pour "optimisation des paramètres d'ozonation en phase liquide pour des polluants multiples de sites pollués", ce projet vise à acquérir de nouvelles connaissances sur l'utilisation de l'ozone (O3) pour dépolluer des matrices complexes c'est-à-dire contenant de nombreux polluants différents.
L'ozone est en effet un oxydant gazeux très puisant. Incolore et soluble dans l'eau, il permet le traitement d'un large spectre de polluants organiques : hydrocarbures, solvants chlorés, pesticides… Il est déjà utilisé dans plusieurs secteurs d'activité comme la production d'eau potable, le traitement d'eaux résiduaires industrielles, de lixiviats de décharges d'ordures ménagères ou encore pour la désodorisation d'effluents industriels.
À Beauvais, les chercheurs de l'Institut Polytechnique espèrent mieux maîtriser le potentiel de ce gaz pour l'appliquer à des effluents provenant de sites pollués. Les chercheurs ont donc mis au point une installation de traitement expérimentale capable de traiter 1 m3 de liquide en 15 minutes. Ils chercheront à optimiser les réactions chimiques en travaillant sur le pH de la solution, la durée de contact entre l'ozone et les polluants, le temps de la réaction, etc.
Le principe est le suivant : l'effluent pollué circule par voie gravitaire au sein d'une colonne de 7,5 mètres de hauteur. L'ozone est injecté à la base, remonte à contre-courant et réagit avec les polluants présents. Le liquide peut circuler plusieurs fois dans la colonne pour augmenter le temps de contact.
Les équipes de recherche vont être amenées à travailler sur des effluents pompés sur des sites pollués (1) gérés par l'Ademe dans le cadre de sa mission de suivi de la dépollution des sites à responsable défaillant. L'ozone sera quant à lui produit sur place à partir de l'oxygène de l'air.
"Pour l'instant la capacité de traitement n'est pas très grande mais à terme le projet doit déboucher sur la création d'un pilote industriel de plus grande ampleur puis sur la commercialisation d'une unité de traitement autonome et transportable sur les sites pollués", explique Olivier Pourret, chef de projet et enseignant-chercheur à LaSalle Beauvais. Cette technique de traitement pourra à la fois servir de pré-traitement ou de traitement principal, ajoute-t-il.
Les recherches devraient durer trois ans. Le pilote testera ces premiers échantillons d'eau polluée à partir de septembre 2011. Les travaux seront menés au sein de la plate-forme de faisabilité ozone créé en septembre 2009 dans les laboratoires de l'institut polytechnique. Cette plate-forme permet de tester de multiples applications de l'ozone notamment dans les secteurs de la sécurité alimentaire comme alternative à l'ionisation des aliments et des agroressources.