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Afin de développer cette filière qui n'en est qu'à ses débuts, 11 partenaires publics et privés* se sont associés pour concevoir et industrialiser un système de production d'agrocarburants de seconde génération. Baptisé Futurol, ce projet s'inscrit dans le cadre du pôle de compétitivité à vocation mondiale Industries et Agro-Ressources (IAR) et durera huit ans.
Une première phase de cinq ans sera consacrée à la recherche à travers la réalisation d'un pilote puis d'un prototype industriel. Ce pilote devrait permettre de produire 500 litres d'éthanol par jour et sera construit à partir de l'automne 2008 sur le site de Pomacle dans la Marne au sein d'un complexe agro-industriel déjà existant. Les équipes de recherche auront donc à proximité plusieurs sources végétales utilisables pour leurs tests (pulpe de betterave, écorce de blé, tourteaux…).
Car l'originalité du projet consiste à concevoir un système capable d'accueillir n'importe quelle source de biomasse, aussi bien des déchets agricoles que des plantes entières, des déchets verts urbains ou encore du bois. Le projet a pour vocation de développer une filière de production pouvant être localisée presque partout dans le monde, alterner les matières premières utilisées selon les saisons et être mise en œuvre dans les usines de première génération. Le challenge est donc de mettre au point un procédé de fabrication flexible mais aussi efficace que possible avec tout type d'apport.
Les enzymes au coeur du projet
Pour produire des agrocarburants de seconde génération, deux voies sont possibles. La première, par voie thermochimique, consiste à produire un carburant de synthèse liquide à partir de la biomasse en la gazéifiant. La seconde vise à produire de l'éthanol à partir de végétaux dont on aura fait fermenter le sucre en alcool. C'est cette voie que le projet Futurol a choisi de développer. Par conséquent, l'enjeu sera de mettre au point des enzymes capables de digérer la lignocellulose (composant principal des végétaux) et de libérer le sucre puis de sélectionner les levures capables de le fermenter. Ces recherches sont au cœur même du projet puisque les enzymes et les levures sont à l'heure actuelle le frein le plus fort au développement de la deuxième génération.
Ainsi plus de 30 chercheurs et leurs équipes vont être mobilisés et travailleront sur ces enzymes, ces levures mais également sur les matières premières, le recyclage des co-produits, l'analyse du cycle de vie, etc. L'objectif sur le plan du bilan énergétique est d'arriver à un rapport de 9/1 soit de produire neuf fois plus d'énergie qu'on n'en utilise, contre un rapport de 2/1 pour les agrocarburants actuels, explique Marion Guillou, Présidente Directrice de l'INRA.
La validation du pilote à grande échelle sera réalisée par la suite grâce à un prototype 20 fois plus gros qui sera installé sur un site industriel du groupe Tereos. Une fois le procédé validé, celui-ci sera mis sur le marché sous forme de licence internationale. Le développement commercial et industriel est attendu à l'horizon 2015-2020.
Le montant total du projet s'élève à 74 millions d'euros dont 44,1 millions apportés par les partenaires financiers 30 millions par Oseo. 42% du budget seront consacrés à la R & D, 38% au pilote, 16% au prototype et 4% pour les frais de fonctionnement.
* Le projet est porté par le consortium Procethol 2G
Partenaires de recherche : ARD, IFP, INRA, ONF
Partenaires agro-industriels : Confédération générale des planteurs de betteraves, Champagne céréales, Lesaffre, Tereos, Total
Partenaires financiers : Crédit agricoles du Nord Est, Unigrains