Il faut dire que la marque n'y est pas aller de main morte avec son slogan « qui prétend que l'eau du robinet a toujours bon goût ne doit pas en boire souvent ! » et ses affiches associant l'eau du robinet à l'eau des toilettes ou sous-entendant que celle-ci contient du plomb et des nitrates.
La réaction a également été très vive du côté des associations de protections de l'environnement. Selon la fédération France Nature Environnement, la marque a dépassé les bornes en sous-entendant que les services des Directions des Affaires Sanitaires et Sociales et que les syndicats de gestion et de distribution des eaux remplissent mal leurs missions. Pour le Centre National d'Information Indépendante sur les Déchets (CNID), la campagne publicitaire a de quoi choquer les défenseurs de l'environnement et les consommateurs car tout en prônant une eau « pure » censée rassurer par sa qualité, la société participe à l'épuisement du pétrole et au réchauffement climatique et engendre des tonnes de déchets de bouteilles plastiques qui pourraient être tout simplement évitées en buvant l'eau du robinet.
Les associations ont été rejointes par la Ministre de l'écologie et du développement durable Nelly Olin qui a déclaré ne pas admettre que ce groupe mette en cause l'eau du robinet. Nos services en surveillent la qualité très régulièrement, a-t-elle déclaré très en colère lors de la présentation de ses vœux.
Outre le fait de dénigrer l'eau du robinet, cette campagne démontre surtout l'impuissance du Bureau de vérification de la Publicité (BVP) qui a émis un avis défavorable sur le message véhiculé mais n'a pas pu empêcher sa diffusion. Géré par les publicitaires, le BVP avait déjà été pris à parti en décembre dernier par l'Alliance de la Planète qui l'accusait de ne pas suffisamment vérifier les arguments écologiques utilisés dans les publicités. Aujourd'hui, le BVP est purement et simplement ignoré par la marque d'eau embouteillée qui justifie sa campagne par un besoin de réponse. Selon elle, cette publicité donne la réplique aux campagnes publicitaires du Syndicat des Eaux d'Ile-de-France (SEDIF) qui avaient, dès 2004, joué sur la comparaison entre eau potable et eaux en bouteille. Avec les slogans « quelle marque distribue 1 milliard de litre d'eau chaque jour et pas une seule bouteille ? », le SEDIF souhaitait se hisser au niveau des marques d'eau en bouteille ce qui n'a bien évidemment pas plu aux sociétés en question. Résultat, depuis deux ans, les deux secteurs se chamaillent à coup de campagnes publicitaires. Sachant qu'une nouvelle campagne du SEDIF était prévue au printemps prochain, le secteur de l'eau embouteillée a souhaité frapper fort. Car malgré des innovations régulières en termes d'image et de marketing, le marché de l'eau plate en bouteille est en recul de 2 à 3 % par an en volume.