Le 26 octobre, le Programme des Nations Unies pour l'environnement (Pnue) a publié un rapport (1) qui alerte sur « les graves conséquences » de l'exportation de véhicules d'occasion « polluants » vers les pays en développement. Entre 2015 et 2018, l'Europe, les États-Unis et le Japon ont exporté au total près de 14 millions de véhicules légers d'occasion dans le monde. Au cours de cette période, les pays européens étaient les plus gros exportateurs avec 7,5 millions de véhicules, soit la moitié des exportations. Les Pays-Bas, par l'intermédiaire de leurs ports, sont l'un des exportateurs cités par le Pnue.
Ainsi, « des millions de voitures, fourgonnettes et minibus d'occasion de piètre qualité sont exportés depuis l'Europe, les États-Unis et le Japon vers les pays en développement », souligne le Pnue. Près de la moitié de ces exportations ont été effectuées vers les pays africains (40 %) au cours de la période étudiée, suivis par les pays d'Europe de l'Est (24 %), d'Asie-Pacifique (15 %), du Moyen-Orient (12 %) et d'Amérique latine (9 %).
Absence de normes et de réglementations efficaces
« Au fil des ans, les pays développés ont exporté de plus en plus de véhicules d'occasion vers les pays en développement. Comme cela se produit en grande partie sans réglementation, cette exportation est devenue celle de véhicules polluants », déplore Inger Andersen, Directrice exécutive du Pnue. « Cela contribue de manière significative à la pollution atmosphérique et entrave les efforts visant à atténuer les effets du changement climatique ».
Le Pnue appelle les pays développés à cesser d'exporter des véhicules « qui ne répondent pas aux critères des inspections environnementales et de sécurité et qui ne sont plus considérés comme étant en bon état de marche dans leur pays d'origine ». De même, l'agence onusienne exhorte les pays importateurs à introduire des normes « de qualité plus strictes » des véhicules. « L'absence de normes et de réglementations efficaces facilite le dumping de véhicules anciens, polluants et dangereux », dénonce Inger Andersen. Les véhicules d'occasion de mauvaise qualité entraînent également une augmentation du nombre d'accidents de la route.
Certains pays africains ont déjà mis en place des normes de « qualité minimale » pour les véhicules d'occasion, précise le Pnue. Il s'agit notamment du Maroc, de l'Algérie, de la Côte d'Ivoire, du Ghana et de l'île Maurice. Par exemple, le Maroc autorise uniquement l'importation de véhicules de moins de cinq ans et de ceux qui répondent à la norme européenne d'émissions Euro 4. Le Maroc « ne reçoit donc d'Europe que des véhicules d'occasion relativement perfectionnés et propres », met en avant le Pnue.
Le mois dernier, la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (Cedeao) a fixé des normes pour des carburants et des véhicules plus propres à compter de janvier 2021. Les membres de la Cedeao ont également encouragé l'introduction de limites d'ancienneté pour les véhicules d'occasion.