Le travail parlementaire sur la loi de programmation sur la transition énergétique n'a pas commencé. Les élus attendent toujours le texte qui leur a finalement été promis pour le mois de juillet.
Mais un rapport d'information, rédigé par le sénateur de la Manche Jean Bizet (UMP) au nom de la commission des Affaires économiques donne un avant-goût des arguments qui pourraient être défendus par la droite.
Ce rapport d'une soixantaine de pages, qui porte le titre "coopération énergétique franco-allemande", fait surtout le procès des énergies renouvelables. Elles sont jugées trop coûteuses, et à l'origine des difficultés que rencontre "l'ensemble du secteur énergétique traditionnel".
Désastre économique
Le texte déplore d'abord que le débat autour de l'essor des énergies renouvelables ait été focalisé sur la faisabilité technique, négligeant ainsi son effet macro-économique.
Selon le sénateur, la transition énergétique allemande est tout sauf un exemple : les prix de l'électricité ont explosé, et pèsent aujourd'hui lourdement sur les portefeuilles des ménages et des entreprises.
"L'addition paraît déjà excessive en Allemagne, alors que la transition reste extrêmement partielle quant à la part des ENR intermittentes." "Le maintien de la lignite, source d'énergie anti-écologique par excellence", est également présenté comme l'une des conséquences déplorables de la transition énergétique allemande.
La France a besoin du nucléaire
La France, quant à elle, ne pourra pas se passer du nucléaire, "cette source d'électricité non polluante et bon marché" , pour mener à bien sa transition énergétique, lit-on dans le rapport. Les sénateurs estiment que la France doit investir dans la modernisation de son parc pour "le faire évoluer".
L'engagement du président de la République de ramener la part du nucléaire à 50 % d'ici 2025 n'est pas du tout évoqué. Même l'Allemagne aura "bientôt un grand besoin d'électricité nucléaire française pour compenser la fermeture de ses propres centrales", ajoute le document.
Les énergies renouvelables posent problème
Les énergies renouvelables intermittentes restent plus chères, et ne pourront que difficilement remplacer des moyens de production conventionnels, souligne le texte des sénateurs. Les centrales conventionnelles, au gaz notamment, souffrent par ailleurs de l'arrivée des énergies renouvelables sur le marché de l'électricité, affirme le rapport.
Cause principale de la baisse des prix sur le marché de gros, elles portent atteinte à la rentabilité de ces moyens de production, accentuant ainsi le "risque croissant de défaillance", estime le rapporteur.
Pour préserver ces capacités de "backup", il faut un marché de capacité, "qui pour l'heure n'existe pas", poursuit-il.
Le rapport d'information plaide finalement aussi pour une réorientation de la politique européenne de l'énergie pour améliorer "l'articulation entre une politique climatique européenne aux effets extrêmement relatifs à l'échelle mondiale, la politique énergétique et la réindustrialisation de l'Europe."
Pour voir une version provisoire du rapport, cliquez ici (1) .