5 milliards d'euros sont officiellement identifiés pour la catégorie ''Développement Durable'' (DD) dont 2,5 milliards pour les énergies renouvelables et décarbonées, 1 milliard pour le nucléaire ''de demain'' (4e génération), 1 milliard pour les transports (véhicules du futur) et l'urbanisme durables et 500 millions d'euros pour la rénovation thermique via l'Agence Nationale de l'Habitat (Anah).
A l'instar de la majorité gouvernementale qui a salué le choix des investissements de l'Etat, le Ministre du Développement durable Jean-Louis Borloo s'est réjoui hier dans un communiqué de l'annonce du Président et a estimé que les ''choix opérés à cette occasion confortaient la stratégie française de développement d'une nouvelle croissance, respectueuse des équilibres naturels et humains : la croissance verte''. ''Fidèle aux conclusions du Grenelle Environnement et aux positions françaises à Copenhague, l'Emprunt national marque une fois de plus la place centrale que nous réservons au développement durable dans nos choix collectifs pour renforcer la croissance'', a-t-il ajouté.
De son côté, la secrétaire d'Etat à l'Ecologie Chantal Jouanno s'est également félicitée dans un communiqué ''de la place faite aux enjeux du développement durable dans les dépenses d'avenir qui seront financées par cet emprunt''. Pour Chantal Jouanno, les mesures annoncées par le Président de la République ''s'inscrivent dans une vision globale d'un avenir durable pour notre pays'' : ''Investir dans l'enseignement supérieur et la recherche, soutenir les PME innovantes, promouvoir les technologies vertes et l'économie numérique, tout cela nous permet de soutenir les composantes de la croissance verte, et de construire pour les années qui viennent les bases d'une économie sobre en carbone et en matière premières et respectueuse de son environnement'', a-t-elle déclaré.
Marc-Philippe Daubresse, Président de l'Anah, s'est aussi réjoui le 15 décembre ''de la décision de placer le parc privé et la lutte contre les passoires thermiques parmi les priorités nationales. La mobilisation de 500 millions d'euros du grand emprunt en faveur du parc privé et à destination des personnes modestes apporte une réponse aux enjeux du Grenelle de l'environnement, porté par Jean-Louis Borloo'', a-t-il estimé.
Une occasion manquée de transition vers un nouveau modèle de DD ?
En revanche, les organisations environnementales et partis écologistes ont dénoncé un investissement ''insuffisant'' dédié au développement durable et la place accordée au nucléaire et à l'aéronautique.
Le Grand Emprunt est ''loin de son objectif'' d'aider à la transition vers un modèle de développement durable, ont déploré les organisations environnementales et partis écologistes. Pour le Réseau Action Climat (RAC), les Amis de la Terre, le Comité de Liaison Energies Renouvelables (CLER), Greenpeace, le Réseau Sortir du nucléaire et le WWF dans un communiqué commun : le grand emprunt est ''très éloigné des enjeux climatiques et énergétiques de Copenhague'', ont-ils fustigé hier. En suivant, ''dans ses grandes lignes'', les priorités fixées par le rapport de la Commission Rocard et Juppé, ''le Président de la République n'a pas souhaité rectifier le tir et rate ainsi une occasion assez rare d'engager des investissements considérables vers un avenir réellement plus écologique''.
Les ONG ont déploré qu'à peine ''15% d'investissements censés apporter un minimum de garanties environnementales, ont été mobilisés sur l'objectif ''développement durable''. Elles ont également regretté l'absence de ''l'éco-conditionnalité des fonds déployés'' et la distribution ''des milliards d'euros ''grenello-incompatibles'' en direction du secteur aéronautique, de l'automobile ou encore du nucléaire''.
Même position pour le parti écologiste Les Verts qui a regretté hier que l'Etat soit ''à côté des enjeux'' avec ce Grand Emprunt. Le chapitre consacré au développement durable ''mêle indistinctement la fuite en avant dans les technologies déjà dépassées (nucléaire, agrocarburants...) et le rappel des promesses du Grenelle de l'environnement'', a dénoncé le parti dans un communiqué . Il ''est non seulement en dessous des attentes, mais surtout à côté des enjeux'' (...) On est loin, avec ces annonces, des mesures à même de satisfaire à la conversion écologique de l'économie et des activités'', ont ajouté les Verts.
Et pour Yannick Jadot, eurodéputé d'Europe Ecologie qui a également exprimé sa déception, ''la France poursuit ses illusions énergétiques'' en optant pour la séquestration du carbone et le nucléaire. ''A l'heure de Copenhague, et alors que l'avenir de la planète nécessite des actions immédiates, il faut investir dans les économies d'énergie et les énergies renouvelables, et non dans des projets assurément voués à l'échec et qui, même selon leurs promoteurs, ne pourraient aboutir au mieux avant 30 ans'', a souligné de son côté le Réseau Sortir du nucléaire en dénonçant aussi les investissements dans le projet de réacteur nucléaire de 4ème génération.