Pantalons, pulls, vestes en cuir, chaussures de sport, toute la garde-robe qui arrive dans cette usine, dans l'est de l'Allemagne, subit une batterie d'examens avant d'être séparée en deux grandes catégories : les vêtements revendables sur le marché de la seconde main, qui représentent à peu près 60 % de la masse collectée. Et le reste, trop usé pour être porté à nouveau, qui sera recyclé en isolant ou en revêtement de terrain.
Mais pour trouver des débouchés, la matière recyclée doit être précisément caractérisée. Exemple, l'entreprise doit être capable de fournir des informations fiables sur la part de coton, ou de polyester, présent dans les fibres qu'elle met sur le marché. « L'un des freins au recyclage est l'hétérogénéité des matières qu'on va trouver dans les textiles qu'on récupère. Et la majorité des vêtements usagés n'ont plus d'étiquettes, et puis l'information sur l'étiquette n'est pas forcément fiable », précise Louisa Temal, responsable de la collecte France chez Soex.
Pour faire face à cette situation, l'entreprise a développé une machine de tri optique pilote capable d'identifier précisément les matières textiles. Encore en réglage, elle est capable de traiter, pour l'instant, seulement 50 kilos de vêtements par heure. L'entreprise annonce, à terme, pouvoir monter jusqu'à 600 kilos, voire une tonne par heure. L'objectif est d'industrialiser le procédé pour rentabiliser le recyclage des vêtements, qui devraient arriver en masse dans les centres de tri dans les prochaines années en raison de la qualité moindre des textiles mis sur le marché. « De plus en plus de vêtements ne peuvent pas être revendus en seconde main. Et de plus en plus d'habits s'échangent entre particuliers via des plateformes en ligne, donc le volume de vêtements non réutilisables qui arrive en centres de tri ne fait qu'augmenter », explique Sandra Baldini, directrice marketing de l'éco-organisme Refashion.
Autre raison d'anticiper l'arrivée de ces gros volumes : en 2025, une directive européenne obligera l'ensemble des États membres à trier leurs textiles, de quoi alimenter la filière de recyclage en cours d'industrialisation en Europe.