Trois semaines après avoir pris connaissance de l'offre de Veolia pour le rachat de ses parts dans Suez, le conseil d'administration de l'énergéticien « a considéré que l'offre de Veolia n'était pas acceptable en l'état ». Le conseil a donné mandat à son président, Jean-Pierre Clamadieu, et à Claire Waysand, directrice générale par intérim, de rechercher auprès de Veolia « une amélioration des termes de son offre et d'obtenir des assurances complémentaires sur la qualité du projet et le respect des parties prenantes ». Ce qui ouvre la voie à une négociation. « La cession potentielle de tout ou partie de la participation dans Suez s'inscrit dans le cadre de l'accélération de notre développement dans les infrastructures et les énergies renouvelables. Le Conseil sera très attentif à la juste valorisation de cette participation, ainsi qu'à la solidité du projet industriel et aux garanties apportées à l'ensemble des parties prenantes », détaille Jean-Pierre Clamadieu. Autrement dit, Engie veut plus que les 15,50 euros par action que lui proposait Véolia.
Par ailleurs, le conseil d'administration d'Engie a constaté qu'à ce jour, aucune offre alternative ne lui était parvenue, notamment de la part de Suez. Mais ça ne devrait plus tarder. Depuis plusieurs jours maintenant, le groupe travaille avec ses banquiers-conseils et ses avocats pour proposer une alternative, encouragé après le rendez-vous entre Philippe Varin, président du groupe, Bertrand Camus, directeur général, et Bruno Le Maire, mercredi 16 septembre. « L'État dans cette affaire n'a fait aucun choix. L'État va examiner chacune des offres avec le même souci d'équité et d'impartialité, a déclaré le ministre de l'Économie sur CNews. C'est ce que j'ai dit aux dirigeants de Suez : si vous avez une proposition alternative, travaillez sur votre proposition, elle devra répondre comme celle de Veolia aux conditions que nous avons fixées avec le Premier ministre : la préservation de l'emploi, une majorité française et le développement industriel en France », ajoute Bruno Le Maire.
Les collectivités locales s'inquiètent
À eux deux, les deux groupes représentent 60 % du marché privé de l'eau et de l'assainissement en France, la part restante se divisant entre la Saur et des entreprises de taille plus modeste. Veolia a donc très rapidement expliqué et justifié sa stratégie aux collectivités locales à travers un courrier datée du 2 septembre et aux sénateurs par mail mi-septembre, comme le révèle La Lettre A. Des précautions qui n'ont pas convaincues l'Assemblée des communautés de France (Adcf) qui, dans un courrier adressé au Premier ministre, a rappelé l'importance de ces deux entreprises pour le bon fonctionnement des services publics locaux. « Ils gèrent, de fait, par délégation, une part importante du patrimoine public et contribuent au premier plan aux innovations technologiques dans leur coeur d‘activité ». L'Adcf craint surtout un risque de dégradation des conditions de concurrence, d'envol des prix ou de perte de qualité des prestations. Même position du côté de l'Association des maires de France (AMF).
Du côté de Suez, on s'inquiète pour l'emploi. Au regard des périmètres d'action des deux groupes, les syndicats craignent que la Commission européenne demande plus de cessions d'actifs que prévu pour préserver la concurrence. Quatre-milles emplois seraient en jeu en France selon eux. Ils ont donc à nouveau appelé à la grève mardi 22 septembre pour faire savoir leur désapprobation au projet de fusion : « Cette opération, contrairement à ce qu'affirme le PDG de Veolia, aura d'énormes conséquences sur l'emploi, principalement en France. Rappelons que, ces dernières années, Veolia a mené pas moins de 5 plans sociaux, c'est dire combien ils se soucient de l'emploi ! », alerte Force ouvrière.