Les représentants des entreprises de la gestion de l'énergie dans les bâtiments (FFIE, Gesec, Gimélec et Serce (1) ) ont présenté le 12 janvier une étude, réalisée par Coda Stratégies, sur la transition énergétique des bâtiments communaux. Plus de 70 communes de toutes tailles (de 500 à 100.000 habitants, des grandes métropoles, des communautés de communes) ont été interrogées ainsi que des syndicats d'énergie et deux organismes financiers (Caisse des dépôts et fonds Oser).
Un quiz pour mesurer l'engagement des communes
Les quatre organisations professionnelles ont mis en ligne un quiz destiné aux communes qui leur permet d'évaluer l'efficacité énergétique de leurs bâtiments. Il "permet en quelques minutes d'établir un bilan et d'identifier les leviers d'actions qu'il est possible de mettre en œuvre, quelle que soit la taille de la commune. Le participant recevra des conseils adaptés à son profil", a indiqué Philippe Rifaux, délégué général de la FFIE.
Les exigences se sont renforcées pour une rénovation exemplaire du parc bâti. Depuis le 1er janvier 2017, l'obligation d'isolation lors de travaux de rénovation importants s'applique. La loi de transition énergétique d'août 2015 fixe également l'objectif d'un parc immobilier entièrement rénové aux normes BBC (Bâtiment basse consommation) à l'horizon 2050. Elle prévoit aussi de développer "à chaque fois que possible" des constructions neuves publiques à énergie positive (Bepos) et à haute performance environnementale.
60% des collectivités attentistes voire pas engagées
Pour répondre à ces objectifs, les communes "se doivent de mettre en œuvre, pour elles-mêmes, des stratégies ambitieuses d'optimisation énergétique", souligne l'étude (3) . Or, "on recense encore de nombreux ensembles immobiliers très mal voire non isolés". Des freins financiers persistent : les montants importants dédiés aux rénovations lourdes de bâtiments ou d'équipements peuvent constituer des facteurs de blocage pour les élus. Environ 60% des collectivités interrogées sont déclarées "attentistes voire pas engagées".
"Le budget devient alors une excuse à l'immobilisme", indique Sylvain Frodé de la Forêt, président du comité Bâtiment du Gimélec. "Ce n'est pas une étude statique. Le pourcentage de municipalités peu impliquées est sans doute plus élevé", ajoute-t-il. Des compétences techniques hétérogènes et limitées ainsi qu'une mauvaise connaissance du parc immobilier freinent aussi la démarche.
Les bonnes pratiques
La taille des communes n'influencerait pas leur engagement. Une volonté politique "affirmée" est souvent à l'origine de la mise en place d'une telle démarche avec des objectifs "clairs". Une approche "d'amélioration continue", impulsée par les services techniques et chauffagistes, "permet aussi d'optimiser les solutions de performance énergétique", souligne Pauline Mispoulet. La présidente directrice générale du Gesec met aussi en avant la contractualisation des prestataires par le biais d'un intéressement sur les économies d'énergie, à l'instar du Contrat de performance énergétique (CPE). "Le point de référence à fixer est important", prévient-elle.
Les petites communes peuvent également être accompagnées à l'échelle de leur territoire par les syndicats départementaux ou les agences locales de l'énergie, les services de conseil en énergie partagé (CEP). "Connaître le bâti mais surtout les usages des occupants est le préalable" à toute démarche ambitieuse, constate Mme Mispoulet. Développer une démarche "graduelle" de réduction des consommations énergétiques permet aussi "des coûts d'investissement limités", en ciblant les travaux (renouvellement des équipements, etc.).