La loi Grenelle 1 précise en effet que tous les bâtiments de l'Etat et de ses établissements publics seront soumis à un audit d'ici à 2010. L'objectif est d'engager leur rénovation d'ici à 2012 avec traitement de leurs surfaces les moins économes en énergie. Cette rénovation aura pour objectif de réduire d'au moins 40 % les consommations d'énergie et d'au moins 50 % les émissions de gaz à effet de serre de ces bâtiments dans un délai de huit ans. Selon le plan bâtiment Grenelle, les engagements reviennent à atteindre des niveaux de consommation (chaud, froid, ventilation, éclairage, auxiliaire) fixés à 150 kWh/m2/an d'énergie primaire en 2020 et 50 kWh/m2/an d'énergie primaire en 2050, sachant que la moyenne des consommations se situerait actuellement autour de 250 kWh/m2/an.
Priorité aux bureaux
Les bâtiments de l'Etat se caractérisent par une grande hétérogénéité de nature (musées, châteaux, bureaux, casernes, prisons, palais de justice, bâtiments universitaires, logements, entrepôts) ce qui rend l'appréhension de l'ensemble particulièrement complexe. L'Etat entend donc cibler dans un premier temps ses bureaux qui représentent environ 8% de l'ensemble des surfaces de bureau existantes.
Selon la dernière enquête du Centre d'Etudes et de Recherches Economiques (CEREN), les consommations de chauffage de ce parc diminuent de 1% par an depuis 1998 (date de la première enquête) pour atteindre 158 kWhep/m2 en 2005. Cependant, à l'instar de ce qui est observé pour l'ensemble du parc de bureaux, cette baisse est compensée par les consommations liées aux autres usages comme la climatisation, l'éclairage ou la bureautique qui augmentent d'autant pour atteindre 153 kWhep/m2 en 2005. ''Entre 1995 et 2005, la part des surfaces climatisées est passée de 9% à 14%'', confirme François Lecouvey du CEREN. De même, l'équipement en micro-informatique continue de progresser : ainsi là où on ne comptait que 2,3 ordinateurs pour 100 m2 de bureaux, on en compte désormais 3,4.
Les pistes pour réduire les consommations
Le CEREN identifie par conséquent plusieurs pistes pour réduire les consommations des bureaux de l'Etat avec, en premier lieu, l'isolation des bâtiments. Selon son enquête, l'isolation des murs, des ouvrants, du sol et de la toiture progresse dans les bureaux de l'Etat mais des économies d'énergie sont encore possibles : ''le gisement d'économie global pourrait atteindre 6%'', explique François Lecouvey. D'autres économies pourraient être réalisées en remplaçant les chaudières par des équipements plus récents et plus performants. 57% des chaudières en place à l'heure actuelle auraient plus de 10 ans. Au final, 12% de l'énergie utilisée aujourd'hui pour le chauffage des bureaux de l'Etat pourrait être économisée. Pour le CEREN, il faut aussi travailler sur les usages spécifiques dont le potentiel d'économie est estimé à 8%.
Ces pistes seront sans doute les premières envisagées par l'Etat quand il sera question de commencer les travaux de rénovation des bâtiments. Mais pour l'instant l'heure est à l'audit énergétique et au suivi des consommations. Les différents services de l'Etat sont en effet en train de mettre en place les outils nécessaires pour mesurer leurs flux énergétiques. Selon Michèle Pappalardo, Commissaire Générale au Développement Durable, ''d'ici la fin de l'année, 22 millions de m2 auront bénéficié d'un audit énergétique sur les 50 millions de m2 que possède l'Etat. On a encore un an pour terminer'', précise-t-elle.
Selon les recommandations du groupe de travail ''bâtiment public de l'Etat'' du plan Batiment-Grenelle publiées dans un rapport en septembre 2009, il va également falloir travailler sur le ''verdissement'' des baux immobiliers et des conventions d'occupation des immeubles occupés par les services de l'Etat. Il s'agira de prévoir des clauses ayant pour objet de prendre en compte les objectifs énergétiques du Grenelle et de faciliter leur mise en oeuvre. Car une fois les travaux réalisés, le comportement des agents au sein des bâtiments sera le garant des économies réalisées.