À travers son paquet climat-énergie, l'Union européenne invite les états membres à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre notamment dans le secteur du bâtiment. Les débats du Grenelle de l'environnement ont fixé des objectifs dans ce sens pour la France : réduire les consommations d'énergie du parc d'au moins 38 % d'ici 2020. Pour cela l'Etat s'est engagé à montrer l'exemple en rénovant ses bâtiments administratifs à partir de 2012 et en planifiant la rénovation de l'ensemble des logements sociaux.
Selon une étude de l'Agence Nationale de l'Habitat (ANAH) réalisée fin 2007, la France compte 4,5 millions de logements sociaux. En moyenne, ces logements consomment 200 kWh/m2/an soit un peu moins que la moyenne nationale estimée à 274 kWh/m2/an par l'ANAH. Ils sont donc pour la plupart classés D selon l'échelle de classification du diagnostique de performance énergétique (150 et 230 kWh/m2/an). Selon le projet de loi Grenelle 1, un plan de rénovation de l'ensemble des logements sociaux pourrait débuter prochainement en commençant par les 800.000 logements dont la consommation est supérieure à 230 kWh/m2/an avec comme objectif de ramener leur consommation à des valeurs inférieures à 150 kWh/m2/an avant 2020.
Un immeuble de classe G est rénové en classe B
En attendant la mise en place effective de ce plan en cours de discussion au sein du Comité stratégique du Plan bâtiment Grenelle présidé par Philippe Pelletier, certaines collectivités ont commencé à se pencher sur le sujet et ont déjà réalisé des rénovations avec succès. C'est le cas de l'agglomération de Lyon qui, avec de nombreux partenaires1, a mené à bien la rénovation d'un immeuble ancien situé en centre ville en bâtiment basse consommation.
Cette opération a été retenue dans le cadre de l'appel à projet Région Rhône Alpes et de l'appel à projets PREBAT de l'ADEME comme « bâtiments démonstrateurs ». D'un immeuble préalablement classé G (+ de 450 kWh/m2/an), la rénovation a permis d'obtenir un immeuble de classe B (de 51 à 90 KWh/m2). Composé de 9 logements (5T1, 3 T3 et 1 T4) et d'un commerce (bar-restaurant) situé en rez-de-chaussée, l'immeuble a bénéficié d'une isolation renforcée de toutes les parois (murs, caves, garage, toit) par l'intérieur ou par l'extérieur avec de la laine minérale (entre 15 et 30 cm). Les fenêtres existantes ont toutes été remplacées par des fenêtres munies de triples vitrages peu émissifs à lames d'argon et des systèmes performants pour le chauffage (chaudière gaz à condensation collective), la ventilation (double flux) et la régulation ont été installés.
Résultat, selon les simulations thermiques du projet, le nouveau bâtiment consomme désormais 70 kWh/m2/an d'énergie primaire dont 26 kWh/m2/an pour le chauffage, 20 kWh/m2/an pour l'eau chaude sanitaire, 18 kWh/m2/an pour la ventilation et 6 kWh/m2/an pour l'éclairage. Le facteur 4 est ainsi dépassé et l'ensemble des consommations est de près de 30% inférieur aux exigences du label Effinergie réhabilitation pour la zone climatique concernée. Seules les consommations liées à la production d'eau chaude sanitaire sont supérieures aux objectifs du cahier des charges de la Région Rhône Alpes, du fait de l'impossibilité d'utilisation de capteurs solaires pour cause de masque trop important.
Au total, les travaux auront coûté un peu plus d'un million d'euros. Ils ont été financés par La Région, l'Etat, l'ADEME, la ville de Lyon et l'office HLM de Lyon. Le surinvestissement est estimé à 45.300 € HT, soit environ 10% du total des travaux (98 € HT par m2 de surface habitable). 54 % de ces surinvestissements sont liés aux travaux sur l'enveloppe du bâtiment (isolation et menuiseries).
Pour GRANDLYON HABITAT, l'office public de l'habitat de Lyon et maître d'ouvrage du projet, il s'agit maintenant de suivre les performances réelles du bâtiment et de les comparer aux performances prévisionnelles du projet, mais également de sensibiliser les locataires occupant la résidence aux bonnes pratiques environnementales. Un livret d'information et un mode d'emploi simplifié de la résidence ont été remis aux locataires le jour de l'inauguration le 1er juillet 2009. GRANDLYON HABITAT envisage déjà de renouveler l'opération : le caractère « lyonnais » typique de ce petit immeuble R+4 de centre urbain, et la simplicité de sa façade, en font un bon exemple en terme de reproductibilité d'expérience.
Les opérations de ce type devraient se multiplier à l'avenir sachant qu'un éco-prêt spécifique au logement social à destination des gestionnaires et des collectivités a été mis en place. Financé par une enveloppe d'1,2 milliards d'euros ouverte pour 2009-2010 sur les fonds d'épargne gérés par la Caisse des Dépôts, cet éco-prêt logement social, d'une durée maximale de 15 ans, bénéficie d'un taux fixe d'1,9 %.