Dans leur charte fondatrice, les membres d'Aqua Publica Europea rappellent que l'eau est un bien public d'intérêt général qui ne saurait être considéré comme une simple marchandise pouvant faire l'objet de rivalités et d'appropriation privée. Ils s'engagent par conséquent à améliorer constamment la performance des services hydriques et à travailler en toute transparence dans le cadre des procédures d'achats publics. La libéralisation des services hydriques selon les logiques commerciales dominées par des intérêts financiers privés à court terme, voire spéculatifs, doit être rejetée, expliquent-ils.
Il existe aujourd'hui 120.000 opérateurs qui assurent les services d'eau et d'assainissement au sein des 27 Etats membres de l'Union européenne, dont la très grande majorité est en gestion publique, mais aucune fédération ne les représentait, contrairement aux groupes privés. C'est désormais chose faite. Aqua Publica Europea espère devenir un acteur majeur dans le domaine de l'eau au niveau européen. Selon l'économiste italien Riccardo Petrella à l'origine de ce réseau, cette structure entend peser dans les débats et les décisions prises au niveau européen. Le réseau travaillera également avec des partenaires du Sud, comme l'Office national de l'eau potable (ONEP) au Maroc et avec des organisations internationales telle l'International Water Association (IWA).
De nombreux opérateurs ont déjà manifesté leur intérêt de rejoindre Aqua Publica Europea : l'association des services publics locaux allemands, l'association des villes et des municipalités allemandes, l'opérateur municipal des services d'eaux de la ville de Vienne, les associations d'opérateurs publics des Pays-Bas…
En France, où aucune structure ne regroupe au niveau national les opérateurs publics, ce réseau intéresse tout particulièrement certaines communautés de communes comme Brest Métropole, Cherbourg ou encore Nantes Métropole mais également le Centre de recherche d'expertise et de contrôle des eaux de Paris (CRECEP), la Régie des Eaux de Grenoble, la Ville de Varages…
Bien que la France soit attachée à ses services publics, les communes font majoritairement appel à des sociétés privées pour gérer l'approvisionnement en eau potable et l'assainissement. Selon Anne Le Strat Présidente Directrice Générale d'Eau de Paris, l'année 2007 a enregistré un record d'appels d'offres avec 883 mises en concurrence soit le double des années précédentes. La Présidente d'Eau de Paris ajoute en complément que dans 90% des cas, le délégataire a été reconduit pour douze ans en moyenne.
Toutefois, de nombreuses collectivités réfléchissent à reprendre en main leurs services d'eau et c'est cette réflexion que le réseau Aqua Publica Europea souhaite encourager et accompagner.