« Nos prévisions du risque sécheresse vont certainement être confirmées durant l'été », a indiqué Violaine Bault, hydrogéologue au Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM), lors d'un point presse sur la situation des nappes d'eau souterraine, mardi 14 juin. La période de recharge 2021 à 2022, durant l'automne et l'hiver, a en effet été très déficitaire : en moyenne, le BRGM a relevé environ 70 % de précipitations par rapport à d'habitude. Et elle s'est terminée avec deux à trois mois d'avance sur une grande partie du territoire (en janvier-février), laissant prévoir un risque de sécheresse. Le Sud-Est est toutefois particulièrement concerné, avec une pluviométrie faible depuis deux ans (et des nappes des calcaires karstifiés de la Provence à des niveaux très bas et celles des formations tertiaires du Bas-Rhône, de la Durance et de la Côte d'Azur à des niveaux bas).
Ce déficit de recharge peut avoir des impacts plus ou moins forts selon la réactivité de la nappe à l'infiltration d'une pluie (sa cyclicité). Ainsi les nappes les plus réactives se réalimentent plus vite, mais se vident tout aussi rapidement. « Pour les nappes des calcaires karstifiés de la Provence, les nappes alluviales et des formations tertiaires de la Côte d'Azur, les nappes des calcaires jurassiques de Charentes, de la Brenne et du Poitou, celle des sables cénomaniens du Perche et du Maine, la nappe de la craie de Touraine, même s'il pleut, elles n'arriveront pas à se recharger », indique Violaine Bault.
Les nappes qui seront faiblement touchées par ce risque de sécheresse sont notamment celles dont la circulation des eaux est lente (nappes inertielles) et dont les niveaux sont proches de la normale en fin de recharge, à l'instar des nappes du nord de la France.
Reste à voir si les prévisions de météo-France – qui annoncent des conditions plus chaudes et sèches que la normale – se vérifieront. Ou si, comme l'été dernier, les pluies viendront améliorer la situation. Pour mémoire, le site Propluvia recense, le 14 juin, 36 départements avec une restriction des prélèvements d'eau. Ceci pour assurer un accès à l'eau aux usages prioritaires : santé, sécurité civile, eau potable, salubrité.
Selon Violaine Bault, « 80 à 100 % du débit de certains cours d'eau comme la Seine ou la Loire en été proviennent des nappes. Des eaux souterraines notamment exploitées pour l'alimentation en eau potable. Le risque si le niveau de la nappe diminue trop est que les pompes se retrouvent hors eau et ne puissent plus fonctionner ».