Après être revenu au cours d'une table ronde samedi, ''sur toutes ces questions d'environnement, parce que là aussi ça commence à bien faire'', le Président de la République a rappelé qu'il ''croyait à une agriculture durable'', tout en soulignant que les agriculteurs ''seraient les premières victimes des pesticides''. Mais ''il faut que nous changions notre méthode de mise en œuvre des mesures environnementales en agriculture. Il faut que cela change'', a-t-il martelé.
Le chef de l'Etat a également demandé au ministre de l'Agriculture Bruno Le Maire et au ministre du Développement durable Jean-Louis Borloo de réunir dès cette semaine ''un premier groupe de travail autour d'une nouvelle méthode d'analyse des mesures environnementales en agriculture''. Cette nouvelle méthode sera articulée ''autour de trois axes : une analyse comparée avec ce qui se fait chez nos partenaires européens, une étude d'impact économique et social de cette mesure sur les filières françaises, et un chiffrage du bénéfice attendu pour la société'', a précisé Nicolas Sarkozy. ''Je n'accepte plus les distorsions de concurrence à l'intérieur de l'Europe où nos agriculteurs, on leur empoisonne la vie tous les jours et les autres, on ne leur demande rien'', a-t-il expliqué. Concernant ''les normes environnementales'', ''je souhaite qu'on montre l'exemple, mais qu'on avance en regardant ce que font les autres, parce que sinon il n'y aura plus d'éleveurs de porcs bientôt chez nous'', a ajouté le chef de l'Etat.
''Un renoncement majeur au Grenelle'' pour les écologistes
Si Nicolas Sarkozy s'est voulu rassurant auprès des agriculteurs, les écologistes ont dénoncé ''un renoncement majeur au Grenelle de l'environnement'', à une semaine des élections régionales. ''C'est une remise en cause du Grenelle et même une trahison'', a estimé Lylian Le Goff, de France nature environnement. Pour les partis écologistes et les associations environnementales, le changement de ton par rapport au Grenelle s'explique ''en cette période électorale''. ''Alors qu'il entretient de mauvaises relations avec le monde agricole les masques tombent : Nicolas Sarkozy est prêt à tout pour s'attirer les suffrages des agriculteurs, en trahissant ses promesses de mai 2008, lorsqu'il parlait d'urgence écologique'', a dénoncé le Mouvement pour la défense et le respect des générations futures (MDRGF). Pour l'organisation, le Président a ''cédé aux pressions de la FNSEA'', principal syndicat agricole, ''et des lobbies agro-industriels''. ''Apparemment, parler d'écologie ne fait plus recette pour Nicolas Sarkozy et il revient aux fondamentaux du calcul électoral'', a de son côté jugé la secrétaire nationale des Verts Cécile Duflot, qui dénonce son ''incompréhension des enjeux de l'agriculture paysanne et durable''.
Si le Président de la République a notamment débloqué 800 millions d'euros des prêts bonifiés en faveur des agriculteurs en difficulté frappés par la crise, en complément du milliard d'euros annoncé en octobre dernier, ''cette mesure ne permettra pas d'enrayer le nombre croissant de procédures de plan de redressement ou pire de liquidation judiciaire qui s'accumulent devant de très nombreux tribunaux d'instance'', a estimé José Bové, député européen Europe Ecologie, soulignant des baisses de revenus des paysans ''de l'ordre de 34% en moyenne (20% en 2008) allant jusqu'à plus de 50 % dans le secteur laitier''.