La ministre de l'Environnement, Ségolène Royal, réunit ce vendredi ses services et les acteurs du secteur électrique autour des questions d'équilibre du réseau électrique. Météo France prévoit, qu'à partir du lundi 16 janvier, "les températures très basses sur la France seront partout nettement inférieures aux normales, notamment en milieu de semaine". A partir du mardi 17, les températures devraient rester négatives toute la journée sur le quart Nord Est de la France. Une tendance qui devrait s'amplifier les jours suivants, tant au niveau du froid (minimales autour de -10°C dans l'Est de la France) que de la zone touchée.
Pas de black-out dans l'immédiat
Pour l'heure, le gestionnaire du réseau électrique de transport RTE prévoit que la plus grosse pointe de consommation sera atteinte jeudi 19 janvier à 19h (101.600 MW). Mais, à ce stade, les projections de RTE sont encore susceptibles d'évoluer, puisque les prévisions de températures doivent être affinées. De même, les prévisions de chute de neige ne sont pas encore parfaitement connues. Le gestionnaire de réseau ne se prononce donc que sur les quelques jours à venir.
Contacté par Actu-environnement, RTE explique qu'il n'anticipe pas de difficultés majeures pour lundi prochain. Les marges sont suffisantes et il ne devrait pas avoir à recourir à des mesures exceptionnelles pour assurer l'équilibre dans un contexte de températures inférieures de 6 à 8 degrés aux normales saisonnières. Ces mesures exceptionnelles, présentées en novembre dernier, sont au nombre de trois. Il s'agit tout d'abord de l'interruptibilité qui prévoit que certains sites industriels coupent leur consommation électrique en cinq secondes en cas de besoin. Les 21 sites engagés dans la démarche permettent de réduire la demande de 1.500 MW. Dans la même veine, les citoyens sont incités à économiser l'électricité. Ségolène Royal pourrait lancer un appel en ce sens dans la foulée de la réunion de demain. Ensuite, RTE peut réduire de 5% la tension du réseau. Cela correspond à une réduction de la demande de quelque 4.000 MW. Enfin, en dernier recours, RTE peut demander aux gestionnaires de réseau de distribution de réaliser des coupures localisées qui dureraient deux heures au plus et seraient échelonnées.
Pour les jours suivants (les plus froids), le mécanisme de capacité, mis en place au 1er janvier pour éviter un risque de rupture d'approvisionnement électrique, permet d'établir que 92.321 MW de capacités de production (et d'effacement) seront disponibles aux heures de pointe de consommation. A cela, s'ajoutent 9.910 MW de capacités d'import via les différentes interconnexions (2) et les mesures de gestion exceptionnelles précitées.
Les leçons de la précédente vague de froid
En février 2012, le réseau électrique avait déjà été poussé dans ses retranchements. Le record de consommation d'électricité français avait alors été atteint le 8 février 2012, à 102.098 MW. Cette année là, la vague de froid avait duré 13 jours, du 1er au 13 février. Il s'agissait d'une vague de forte intensité et généralisée, la cinquième plus intense de ces cinquante dernières années, "loin derrière 1956, 1963, 1985 et 1987 et juste devant la vague de froid de janvier 1997", rappelait Météo France dans son bilan de la vague de froid de 2012 (3) . Les températures enregistrées étaient souvent inférieures à -10°C la nuit et inférieures à 0°C le jour sur de très nombreuses régions.
A l'époque, 55 des 58 réacteurs français étaient en service, soit quatre de plus que la semaine prochaine. Le nucléaire avait fourni 59.519 MW, l'hydraulique 14.113 MW, le gaz 7.994 MW, le fioul 5.477 MW, le charbon 5.201 MW, l'éolien 1.754 MW et la biomasse 642 MW. Quant aux importations, elles avaient atteint 7.399 MW. Surtout, le pic de consommation avait été accompagné par une hausse des émissions de CO2 et un prix de l'électricité élevé sur le marché de gros. Les émissions de CO2 avaient culminé à 12.000 tonnes entre 19 et 20h. Quant aux fournisseurs d'électricité, ils avaient été contraints de payer près de 350 euros par MWh sur le marché spot. Cet hiver là, le prix du MWh était habituellement de l'ordre de 50 euros aux heures de pointe.
Philippe Collet et Sophie Fabrégat