"De nos jours, les villes abritent près de 80 % de la population européenne, sont à l'origine de 75 % de la demande totale d'énergie et produisent 75 % des émissions de CO2, souligne le projet européen Polis. Devant cette situation, il est évident que les villes ont un rôle déterminant à jouer dans la stratégie énergétique locale en participant à la définition d'un cadre pour le développement, aussi bien de la demande que de l'offre, et en s'assurant du respect de la stratégie définie".
Le projet, lancé en 2010 pour trois ans, est consacré à l'intégration de l'énergie solaire thermique et photovoltaïque en ville. "Dans le portefeuille de technologies disponibles en matière d'énergies renouvelables, les systèmes solaires offrent un potentiel unique quant à leur intégration au milieu urbain, transformant les villes en d'immenses installations de production d'énergie verte. De par leur souplesse, aussi bien physique que fonctionnelle, les panneaux solaires (photovoltaïque et thermiques) présentent des propriétés exceptionnelles pour une utilisation dans les bâtiments et les structures urbaines", observe le projet.
D'après plusieurs études, la valeur moyenne des toitures disponibles pour des installations photovoltaïques en Europe centrale a été évaluée à 9 m2 par habitant sur les toitures des bâtiments résidentiels.
Des obligations pour déployer le solaire
Pour développer l'énergie solaire, certaines villes misent sur des obligations d'installation de systèmes solaires sur les nouveaux bâtiments ou sur les bâtiments soumis à une rénovation importante. "Dans la plupart des cas, elles font partie de lois énergétiques régionales ou nationales et sont souvent mises en application à travers les codes de construction locaux au niveau municipal, indique Polis. Un nombre croissant de municipalités, de régions et de pays (l'Espagne, le Portugal, l'Italie, la région de Baden Wuerttemberg en Allemagne et certaines régions autrichiennes) appliquent déjà leurs obligations en matière de solaire et plus particulièrement de solaire thermique".
Paris : 200.000 m2 de solaire d'ici 2014
Paris a lancé un projet de cadastre solaire afin d'identifier les lieux propices à l'installation de panneaux solaires. La ville ne précise pas si les freins liés à la présence de bâtiments historiques seront pris en compte dans ce document. Celui-ci, qui devrait être achevé à l'automne prochain, sera réalisé grâce à une simulation du rayonnement solaire annuel. D'abord, un avion a survolé la capitale afin d'en appréhender les volumes et les élévations pour ensuite simuler sur ordinateur la course du soleil sur la ville au cours d'une année. "Ce cadastre est à la fois un outil technique et pédagogique, pour montrer qu'à Paris on n'a pas de pétrole mais on a de l'énergie !", indique Denis Baupin, adjoint au maire en charge de l'environnement, dans un communiqué.
Pourtant, même en avec un fort déploiement, l'énergie solaire devrait rester mineure dans le mix énergétique parisien. Dans le cadre de son Plan climat, Paris s'est fixé un objectif de 200.000m2 de solaire installés en 2014 (1) (l'équivalent de 20 GWh d'électricité annuelle), contre quelques 12.000 m2 de thermique et 300 m2 de photovoltaïque actuellement. Si aujourd'hui, le solaire représente 0,01% du mix énergétique total parisien, en 2014 cette énergie pourrait représenter 0,2 % de la consommation d'électricité. Parmi les projets, la halle Pajol (18è) devrait accueillir une centrale solaire de 3.500 m², la halle Carpentier (ZAC) pourrait installer 2.140 m², sur la ZAC Clichy-Batignolles, 40.000 m² de surface potentielle ont été identifiés. Plusieurs bailleurs sociaux ont également annoncé leur intention de déployer l'énergie solaire sur des bâtiments parisiens.
Grand Lyon : plus de 6 millions de m2 en 2020 ?
Le Grand Lyon s'est engagé à travers son Agenda 21 à réduire de 20 % ses émissions de gaz à effet de serre d'ici 2020 et à augmenter de 20 % la part d'énergie renouvelable dans la consommation totale. Après avoir évalué son potentiel solaire (2) en 2010, l'agglomération a identifié, sur plus de 50 millions de m2 de toitures, quelques 5,6 millions de m2 pouvant accueillir des panneaux photovoltaïques (665 GWh/an) et 670.000m2 des panneaux solaires thermiques (300 GWh/an). "Le développement du photovoltaïque est bien plus important que celui du thermique du fait de la possibilité d'implantation de grande surface sur des bâtiments tertiaires et industriels. Les pistes d'installation sur le « mobilier urbain » sont également à exploiter (couverture de parking, mur antibruit, …). Il est a noté que la divergence avec les évolutions nationales (objectif 3 fois plus important sur le Grand Lyon) nécessiteront de dépasser les seules installations sur le neuf ou la réhabilitation", note l'agglomération dans son état de l'art solaire (3) .
Aujourd'hui, les énergies renouvelables constituent 3,8 % de la consommation totale du Grand Lyon, l'énergie solaire ne représente que 0,01 %. L'essentiel de la production renouvelable est due à l'hydraulique (988 GWh/an) et à la biomasse (120 GWh/an).
D'ici 2020, si l'on considère que le Grand Lyon mobilise l'ensemble du potentiel identifié pour la production solaire, cette énergie représentera 2,3 % du mix énergétique et 2,9 % en cas de réduction de 20 % de la consommation d'énergie. La production d'énergie renouvelable atteindrait alors 6,1 % du mix total.