Gérard Mestrallet actuel PDG de Suez deviendra Président Directeur Général du nouveau groupe qu'il dirigera en tandem avec Jean-François Cirelli, actuel PDG de Gaz de France et futur Vice-Président, Directeur Général Délégué. Le nouveau Groupe sera structuré autour de cinq branches opérationnelles : Infrastructures, Global Gaz et GNL, Énergie France, Énergie Europe et enfin Services à l'Énergie.
Le rapprochement de Gaz de France et de Suez donnera naissance au premier acheteur et commercialisateur de gaz en Europe, leader mondial du gaz naturel liquéfié (GNL), premier importateur et acheteur de GNL en Europe avec 25% de part de marché, cinquième électricien européen et deuxième producteur français d'électricité, premier opérateur de réseau de transport et de distribution de gaz en Europe, et deuxième opérateur de stockage et de terminaux méthaniers en Europe.
Rappelons que pour équilibrer les capitalisations boursières des deux groupes, le Président de la République Nicolas Sarkozy avait souhaité que Suez se recentre dans l'énergie ce qui impliquait de fait la séparation du pôle environnement qui regroupe les activités eau et propreté. Suez introduira donc 65% de Suez Environnement en Bourse au moment où sa fusion avec GDF sera effective, et en offrira des titres à ses actionnaires afin que le groupe ne fasse pas immédiatement l'objet de tentative hostiles. Le nouveau groupe GDF-Suez et les principaux actionnaires de Suez, qui détiendront respectivement 35 % et environ 12 % des activités du pôle Environnement de Suez à l'issue de cette opération, ce sont en effet engager à conserver leurs actions dans le cadre d'un pacte d'actionnaires à négocier. Cette introduction en Bourse conduit à la création d'un acteur centré sur l'Environnement, fort de près de 60 000 collaborateurs, co-leader mondial des services à l'environnement, dans l'eau et la propreté, bénéficiant d'un statut boursier attractif avec un chiffre d'affaires 2006 de 11,4 milliards d'euros, un EBITDA* 2006 de 2,0 milliards d'euros, précise le communiqué commun des deux groupes publié lundi matin. Les activités de ce pôle resteront sous la responsabilité opérationnelle de Jean-Louis Chaussade.
La fusion GDF-Suez qui a nécessité le vote d'une loi en novembre pour autoriser la privatisation de GDF, a été annoncée en février 2006 par Dominique de Villepin, alors Premier ministre, afin de protéger Suez d'un éventuel achat pare l'italien Enel mais avait été retardée après un recours en justice des syndicats et une décision du Conseil constitutionnel.
En déplacement à Rio, Jean-Louis Borloo s'est réjoui de la relance du projet qui contribuera selon lui à l'accroissement de la sécurité d'approvisionnement gazier du pays. Par ailleurs, il estime dans un communiqué que la cotation du pôle environnement de Suez renforcera la capacité de celui-ci à croître et à réaliser les investissements nécessaires à la satisfaction des besoins.
En revanche, chez les socialistes, on dénonçait une nouvelle dangereuse pour le consommateur et inquiétant pour l'avenir de la politique énergétique. Cette journée restera comme une journée noire pour le contribuable français, estiment Christian Martin, Secrétaire national aux services publics au PS et Alain Vidalies, Secrétaire national aux entreprises qui dénoncent une opération strictement financière et boursière dont les consommateurs paieront la facture.
Dans un communiqué, les Verts considèrent quant à eux que la privatisation du secteur de l'énergie est totalement contradictoire avec le nouveau contexte énergétique et environnemental. Ce secteur doit s'organiser selon des priorités d'intérêt général et de long terme : économie des ressources, valorisation des ressources locales et réduction des émissions de gaz à effet de serre, indique le porte-parole des verts Yann Wehrling. Le nouveau groupe GDF/Suez va privilégier la stabilisation de son actionnariat en dégageant de fortes marges, ce qui sera contradictoire avec la nécessité de réaliser des investissements de long terme, ajoute-t-il.
CAP 21, le parti écologiste présidé par Corinne Lepage, manifeste également ses inquiétudes sur le démantèlement du groupe Suez avec la filialisation du pôle environnement. Des mouvements de concentration pourraient alors s'opérer, avec une reprise possible des actifs par le groupe Veolia même si la maison-mère garde dans l'immédiat une minorité de blocage, estime Eric Delhaye, porte-parole national de CAP 21 qui s'interroge de ce fait des conséquences potentielles sur les prix de l'eau et du traitement des déchets. Le parti estime en outre que le consommateur ne sera pas le grand gagnant de cette opération. Les prix augmenteront inévitablement à cause de la raréfaction des ressources et de la contrainte environnementale, prédit Eric Delhaye, même si selon Jean-François Cirelli, la fusion entre les deux groupes n'aura pas de répercussions sur les prix du gaz.
Désormais, les conseils d'administration des deux entreprises ont mandaté leurs présidents afin de poursuivre les travaux nécessaires à la fusion et, en particulier, la consultation des instances représentatives du personnel. À l'issue de ce processus, dont on rappellera tout de même qu'il avait mené à l'échec du premier projet de rapprochement, les conseils devraient être invités à adopter les décisions nécessaires à l'aboutissement de la fusion.
* Résultat Brut D'exploitation