Dans l'Union européenne et aux Etats-Unis, les navires sont devenus la principale source d'émission de dioxyde de soufre (SO2), au fort impact sanitaire. Annoncée pour 2012, la création d'une Seca en Amérique du Nord devrait permettre à elle seule de protéger 5 millions de personnes d'éventuelles maladies respiratoires liées aux dioxyde de soufre et d'éviter 14.000 morts prématurées par an d'ici 2020, selon l'Agence américaine de protection de l'environnement (EPA).
Pour l'heure, cette diminution de 0,5% est quasi indolore pour le secteur. ''La variation des cours du baril de pétrole a plus d'impact financier'', explique Patrick Rondeau, responsable des questions techniques, sécurité, sûreté et environnement chez Armateurs de France.
Sauf que ce n'est que le début. En 2015, le taux maximum de soufre sera limité à 0,1% dans les Seca. Ce qui va considérablement augmenter le coût des carburants maritimes, affirme Patrick Rondeau. ''Avec une teneur en soufre de 1,5%, le carburant des navires coûte 600 dollars la tonne et représente 20% des frais de fonctionnement du navire. A 0,1%, le carburant coûtera 1.200 $ la tonne et représentera 30% des frais de fonctionnement du navire''. Une directive européenne de 1999 impose déjà un tel taux pour les navires restant à quai dans les ports européens. Mais l'impact économique est bien plus faible, car les quantités de carburant consommées sont bien moindres à quai qu'en mer.
L'industrie américaine du raffinage devrait pouvoir répondre à la demande supplémentaire de combustibles marins à taux de soufre de 0,1% en 2015. Ce n'est pas le cas en Europe, explique-t-on à l'Union française des industries pétrolières (Ufip) où ''les déficits en distillats (gazoles routier, marins…) subsisteront à l'horizon 2015 et après''. La construction d'unités d'hydrocraquage et de cokéfaction, nécessaires à la désulfuration des pétroles bruts, représente des investissements de l'ordre du milliard d'euros, selon l'Ufip.
Baisse de compétitivité et report modal
Le risque, c'est que le renchérissement des coûts du carburant favorise un report modal vers le transport routier. ''C'est particulièrement le cas en mer Baltique et dans les pays nordiques, selon une étude de la Fédération des armateurs européens (ECSA) que nous avons transmise au ministère français de l'environnement. Ca l'est déjà moins dans la Manche, car la seule alternative routière est le tunnel de la Manche. Quant à la France, les autoroutes de la mer pourraient être remises en question'', assure Patrick Rondeau.
Il regrette qu'il n'y ait ''jamais eu d'étude d'impact sur le seuil à partir duquel le bénéfice environnemental d'une baisse du taux de soufre risque d'être compensé par une hausse des émissions du transport routier''.
Les navires des mers et océans mondiaux, hors Seca, seront aussi concernés par cette baisse du taux de soufre, mais dans de moindres proportions : 3,5% en 2015 et 0,5% entre 2020 et 2025. Comme dans les Seca, il n'est pas sûr que la capacité de raffinage suffise à assurer la production de 350 millions de tonnes de carburant à faible taux de soufre chaque année. Une étude permettra d'être fixé en 2018.