La Commission européenne a annoncé mardi que les 27 Etats membres se sont accordés pour réaliser "des tests de résistance" des centrales nucléaires européennes. L'AFP rapporte que la décision a été prise à l'occasion d'une rencontre organisée à Bruxelles et réunissant des représentants des gouvernements européens, des responsables de centrales et des autorités nationales européennes de sûreté nucléaire.
Le Commissaire européen a laissé entendre que les tests auraient lieu à partir du deuxième semestre de l'année.
Pour Yannick Jadot, eurodéputé Europe Ecologie Les Verts (EELV), "sans surprise, le Commissaire européen à l'énergie, Günther Oettinger, après avoir consulté les industries nucléaires et en accord avec elles, a seulement proposé des tests de sûreté sur les centrales européennes, dont les résultats ne seront connus qu'en fin d'année."
"Des tests volontaires, pas obligatoires"
Le Commissaire européen à l'énergie, Günther Oettinger, a précisé que l'objectif est "de réévaluer les risques, d'inondations, de tsunamis, d'attaques terroristes, de tremblements de terre, de coupures d'électricité." Par ailleurs, il semblerait que ces tests seront réalisés au regard de l'age et de la technologie des réacteurs évalués. Enfin, la gestion des déchets nucléaires, en particulier lorsqu'ils sont stockés sur le site après avoir été utilisés, devrait être concernée.
Cependant, le nombre exact de réacteurs qui seront soumis à ces tests, parmi les 143 que compte l'union européenne, est actuellement inconnu. En effet, la participation "se fera sur une base volontaire, pas obligatoire", a indiqué le Commissaire européen à l'énergie. Une décision conforme à la directive du Conseil établissant un cadre communautaire pour la sûreté nucléaire des installations nucléaires qui institue un cadre qui laisse aux Etats membres le soin d'établir des instances de contrôle indépendantes. La Commission ne peut donc pas imposer ces tests et "aujourd'hui, [elle] apparaît bien démunie" estime l'eurodéputé Claude Turmes (Verts, Luxembourg), cité par La Libre Belgique.
Le commissaire européen a par ailleurs précisé que l'Union proposerait à plusieurs pays européens non membres de l'Union d'étendre les tests à leurs centrales. La Suisse, avec 5 réacteurs, et la Russie, avec 32 réacteurs, sont deux des Etats qui pourraient participer à ces tests.
Les critères de l'évaluation restent à définir
S'agissant, de la nature exacte des tests et des spécialistes chargés de les réaliser, des négociations s'ouvriront rapidement selon Günther Oettinger qui a indiqué que "dans les prochaines semaines, la Commission va élaborer des propositions au sujet du contenu des tests avec critères communs." Ensuite, une "conférence de haut niveau" réunira d'ici fin juin les représentants des Etats membres, les autorités nationales de contrôle des installations nucléaires et des représentants de l'industrie nucléaire.
Quant aux experts qui réaliseront les tests, leur désignation devrait elle aussi faire l'objet de négociations. Pour l'instant, le Commissaire a évoqué "des experts indépendants", précisant que "le fait de nommer des experts en commun sera aussi un élément important" pour assurer "l'autorité des tests."
Vers d'intenses négociations
Le Forum européen de l'atome (Foratom), représentant les industriels du secteur à Bruxelles, s'est dit "prêt à contribuer" à une initiative visant à "développer un cadre commun pour réévaluer dans les meilleurs délais la sécurité des centrales nucléaires." Néanmoins, l'association juge que "sans une meilleure compréhension des implications techniques des événements liés au nucléaire en cours au Japon, nous devons nous garder de prendre une quelconque décisions prématurée ("épidermique") qui pourrait avoir des conséquences significatives pour le futur énergétique européen." De même, Jürgen Grossmann, président-directeur général de l'électricien allemand RWE, interrogé par l'AFP à l'issue de la réunion bruxelloise de mardi, a appelé à "prendre des décisions rationnelles à tête reposée" jugeant une sortie du nucléaire possible "peut-être dans 80 ans."
Pour l'eurodéputée Rebecca Harms (Verts, Allemagne) "tous les réacteurs nucléaires devraient clairement faire l'objet de tests rigoureux et indépendants." Elle juge que "la façon dont l'accumulation de situations d'urgence, les incidents multiples et les défaillances humaines, peuvent être pris en compte dans une telle procédure n'est pas claire." Enfin, estimant que "nous savons déjà que le risque n'est pas acceptable", elle juge que "ces tests ne doivent pas servir d'excuses pour retarder la prise de décision relative à la fermeture des réacteurs les plus dangereux."
La France passera en revue ses centrales
Enfin, ce matin, à l'occasion du Conseil des ministres, le président de la République, Nicolas Sarkozy, a annoncé que "les enseignements de l'accident de Fukushima seront tirés, à travers une revue complète des systèmes de sûreté de nos centrales nucléaires." "Ce travail sera rendu public", a-t-il précisé ajoutant que "le gouvernement s'y engage."
Par ailleurs, Nicolas Sarkozy a déclaré que "la France apporte son plein soutien à la démarche similaire engagée au niveau européen", sans préciser explicitement si les installations françaises subiront les tests européens. Par ailleurs, l'Elysée a déclaré vouloir "intensifier l'effort d'harmonisation et d'amélioration des normes de sûreté au niveau européen et international."