Pour Jake Schmidt, directeur de la campagne pour le climat de l'ONG américaine Natural Resources Defense Council (NRDC), les efforts entrepris par la Chine sont ''réels''. Il précise notamment qu'en 2009 la Chine a investi 34,6 milliards de dollars dans les énergies vertes, contre 18,6 milliards pour les Etats-Unis et 41,1 milliards pour l'Union européenne.
Un accord possible sur le financement à long terme
Côté chinois, Su Wei, le principal négociateur, a réaffirmé l'engagement de réduire l'intensité carbone du PIB chinois de 40 à 45% d'ici 2020 par rapport à 2005. Il a notamment insisté sur le caractère volontaire de la mesure et a appelé les pays développés à intensifier leurs efforts. Lors de la clôture de la session de négociations, il s'en est pris aux Etats-Unis qu'il a accusé de vouloir faire de la Chine un bouc émissaire afin de masquer leur inaction.
Quant à Jonathan Pershing, qui dirige la délégation américaine, il s'est montré déçu par les discussions en cours. Il a estimé qu'il est ''frustrant'' de voir certains pays revenir sur des éléments qui semblaient faire consensus lors de la conférence de Copenhague. Il a par ailleurs reconnu que le désaccord, entre la Chine et les Etats-Unis, sur le régime de vérification des engagements reste un sujet de blocage des négociations en cours. Évoquant un possible nouvel échec à Cancún, il a mis en garde ses homologues, expliquant que cela mettrait en péril la survie des négociations sous l'égide des Nations unies.
Enfin, pour Christiana Figueres, secrétaire exécutive de la Conférence-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC), les 177 pays réunis en Chine se sont quittés sur des ''progrès''. ''Cette semaine nous a rapproché d'une série de décisions structurée qui peut être adoptée à Cancún, les gouvernements se sont penchés sur ce qu'il est possible de faire à Cancún et sur ce qui doit être remis à plus tard'' a indiqué la responsable de la CCNUCC. En milieu de semaine, elle avait appelé les négociateurs à progresser étape par étape sans chercher à obtenir un accord global.
Concrètement, Christiana Figueres a mis en avant les progrès enregistrés dans la mise en œuvre d'un Fonds vert qui gérerait les sommes destinées à l'adaptation aux changements climatiques et à la réduction des émissions de GES dans les pays en développement. L'accord semble proche en ce qui concerne l'aide à long terme qui doit débuter à partir de 2020. Cependant, peu de progrès ont été enregistrés concernant les sommes déboursées au titre du démarrage rapide de 30 milliards de dollars pour la période 2010-2013.
Vers une action en justice?
Parallèlement, la semaine fut marquée par la publication d'une étude sur les possibilités légales qu'aurait un Etat, pénalisé par les impacts des changements climatiques, d'attaquer en justice un autre Etat pour l'absence de politique de restriction des émissions de GES. L'étude réalisée par le Fondation pour la législation environnementale internationale et le développement (Field) démontre qu' ''avec le régime juridique international actuel, les principaux pays pollueurs peuvent être tenus pour responsables des effets néfastes des changements climatiques'' et que ''les pays affectés pourraient avoir un droit à demander l'arrêt de certaines émissions de GES''. Cette action pourrait, dans certains cas, être entreprise devant la Cour international de justice à La Haye, même si de nombreuses questions de procédure restent en suspens.
Le but n'est pas nécessairement de voir la plainte aboutir, les jugements seraient probablement légers estime l'étude, mais plutôt d' ''aider à instaurer une pression politique'' pour relancer les négociations internationales. Une stratégie similaire est développée par la Bolivie qui, depuis la conférence qu'elle a organisée à Cochabamba en avril, demande officiellement que soit créé un Tribunal international de Justice climatique et environnementale afin de juger les pays, entreprises ou personnes jouant un rôle dans l'aggravation des changements climatiques ou portant atteinte à l'environnement.