Ces troubles se traduisent également par l'augmentation des volumes de matière organique qui se déposent au fond sous forme de plantes et d'animaux morts puis se décomposent entraînant une baisse de la teneur en oxygène de l'eau. Lorsqu'il n'y a pas d'oxygène au fond d'un plan d'eau douce, du phosphore qui était jusque-là emprisonné dans les sédiments peut être relargué dans l'eau et ainsi aggraver le problème. Emprisonné dans un cercle vicieux le lac ne peut plus revenir en arrière et nécessite l'intervention de l'Homme.
C'est pourquoi, dans le cadre partenarial du contrat de rivière de la Meyne et des annexes du Rhône, la Compagnie Nationale du Rhône, l'Agence de l'Eau Rhône-Méditerranée Corse, la Région Provence-Alpes-Côte d'Azur et la Communauté de Communes des Pays de Rhône et d'Ouvèze ont lancé un programme de traitement de ce plan d'eau afin de restaurer la qualité de ses eaux et de son milieu aquatique.
Plusieurs techniques sont envisageables pour régler ce problème. Certains traitements reposent sur des méthodes qui permettent l'évacuation ou la réduction des concentrations des polluants des eaux du lac. En jouant sur le volume d'eau, en évacuant les eaux trop chargées en nutriments ou en les traitant avant leur déversement, on peut contrôler l'apport d'éléments nutritifs dans le milieu. D'autres techniques plus mécaniques consistent à curer ou pomper les sédiments. D'autres méthodes font appel à des techniques biologiques. Par exemple, certaines bactéries bien choisies sont capables de digérer les vases et les matières organiques du milieu.
Les différentes techniques de réoxygénation des eaux permettent également de maintenir au sein du plan d'eau une teneur minimale en oxygène dissous. Le but étant de rétablir les conditions oxydantes au niveau des sédiments, le relargage de composés indésirables est ainsi fortement réduit. Enfin, de nombreuses techniques font appel à des traitements physico-chimiques. C'est l'option qui a été choisie pour le lac du Revestidou.
L'opération consiste à traiter les sédiments afin de réduire les processus de décomposition de la matière organique responsable de la désoxygénation des couches profondes du plan d'eau. La solution retenue est l'immobilisation de la charge interne en phosphore en injectant des réactifs appropriés dans les 15 à 20 premiers centimètres de sédiment. Ces réactifs comme le nitrate de calcium, le chlorure ferrique ou le sulfate d'alumine doivent permettent l'oxydation de la matière organique en gaz carbonique, la réduction du fer à l'état ferrique qui fixe le phosphore et la dénitrification des nitrates en azote gazeux.
Le traitement des 40 hectares du plan d'eau a débuté le 5 juin et se prolongera pendant 4 semaines. À l'issue de cette étape, les sédiments ne devraient plus libérer de phosphore pendant les 5 à 10 prochaines années, permettant ainsi au plan d'eau de retrouver un fonctionnement biologique quasi normal. Dès la fin des travaux, des prélèvements seront effectués afin d'observer la qualité des milieux. De nouvelles mesures seront réalisées en septembre afin de s'assurer de l'efficacité du traitement.
D'un coût total de 400.000 €, cette restauration est financée à 45 % par l'Agence de l'Eau, à 35 % par la Compagnie Nationale du Rhône, à 15% par la Région Provence-Alpes-Côte d'Azur et à 5% par la Communauté de Communes Rhône Ouvèze.