En quelques mots, le commissaire européen à l'environnement, Janez Potočnik, résume la situation. Si les intentions ou les déclarations sont bien là, les résultats se font encore attendre dans bien des domaines de l'environnement en Europe. Le rapport annuel d'examen des politiques environnementales le montre bien. Cette septième édition revient sur les tendances environnementales, les progrès et les retards de l'UE et de chacun de ses Etats membres dans les 4 domaines prioritaires du sixième programme d'action pour l'environnement : le changement climatique, la nature et la biodiversité, l'environnement et la santé et les ressources naturelles et les déchets.
''Bien que des progrès évidents ont été réalisés dans certains secteurs de l'environnement, des efforts supplémentaires sont nécessaires dans beaucoup d'autres, concernant notamment la perte de biodiversité'', note le rapport.
Les événements de 2009 en faveur de l'environnement
Le rapport revient d'abord sur les événements marquants de 2009 concernant l'environnement. L'adoption du paquet climat-énergie en juin et l'accord de Copenhague autour de l'objectif de limiter le réchauffement planétaire à 2°C au-dessus des niveaux préindustriels constituent des ''pas dans la bonne direction''.
Les conclusions du rapport sur l'économie des écosystèmes et de la biodiversité a souligné quant à lui des tendances inquiétantes et l'urgence d'investir dans la protection des écosystèmes. Dans ce sens, l'Union européenne a soutenu la création d'un groupement scientifique intergouvernemental sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES), qui devrait voir le jour en 2011. ''Les années à venir permettront de tester la crédibilité et l'efficacité de l'UE et des politiques internationales dans le domaine de la biodiversité'', commente le rapport.
Les années à venir permettront également de mesurer les effets des autres politiques mises en œuvre en 2009 dans le domaine de l'environnement, comme Reach, la directive biocides, la directive sur les émissions industrielles, la directive cadre sur l'eau ou les mesures prises à l'échelon national dans le cadre de plans de relance. Car l'ensemble de ces politiques, qu'elles soient nationales ou européennes, sont des mesures de long terme. En attendant que leurs effets soient visibles, la plupart des indicateurs restent au rouge.
Beaucoup reste à faire
L'examen des indicateurs sur les quatre domaines prioritaires montre en effet que beaucoup reste à faire. Seuls l'évolution des émissions de gaz à effet de serre, la part des énergies renouvelables dans la consommation d'énergie finale, la part de l'agriculture biologique et le recyclage des emballages sont satisfaisants. L'UE serait sur la bonne voie dans ces quelques domaines.
En revanche, malgré quelques progrès constatés, les émissions moyennes de CO2 des voitures, l'intensité énergétique, les projections d'émissions pour les polluants atmosphériques, l'indice d'exploitation de l'eau, la surexploitation des ressources en poissons, les volumes de déchets générés et les résidus de pesticides dans l'alimentation générés posent toujours problèmes.
Les objectifs fixés par l'UE ne seront probablement pas atteints dans certains domaines. C'est le cas pour le changement de température, les concentrations de CO2 dans l'atmosphère et les désastres naturels liés au changement climatique. L'Europe doit mieux faire concernant la production combinée de chaleur et d'électricité, la part d'électricité produite à partir d'énergies renouvelables, la consommation d énergie finale dans les transports et le traitement de déchets nucléaires. L'exposition des populations aux particules, à l'ozone, aux oxydes d'azote, au bruit des transports et la production de produits chimiques toxiques et nuisibles à l'environnement sont également toujours inquiétants.
Concernant la biodiversité, les indicateurs sont au rouge que ce soit pour la sauvegarde des oiseaux communs, la conservation des habitats et des espèces, la fragmentation des paysages ou le stockage carbone dans les sols.
La France n'échappe pas à cette tendance
Si elle est sur la bonne voie pour le développement des énergies renouvelables ou la réduction des émissions de CO2 par véhicule ou plus globalement des gaz à effet de serre, la France fait partie des mauvais élèves concernant la production combinée de chaleur et d'électricité, l'intensité énergétique, les déchets nucléaires (elle est le principal pays producteur avec le Royaume Uni), la fragmentation des paysages, le stockage de carbone dans les sols, le transport de marchandise ou encore l'agriculture biologique.
Le rapport note que 2009 a été une année importante en matière de politique environnementale en France, marquée par l'adoption de la loi Grenelle 1, ''qui fixe ses multiples engagements à moyen et à long terme et les objectifs à moyen et à long terme dans les domaines de la biodiversité, du bâtiment, de l'énergie, de la gouvernance environnementale, de la santé, des transports et des déchets''. Cependant, le texte relève que l'un des engagements clés du Grenelle de l'environnement, la taxe carbone, a été abandonné par le gouvernement.
Enfin, pour rappel, sur 451 infractions environnementales commises par les Etats membres, 26 sont imputables à la France, qui se trouve reléguée au 22ème rang européen... sur 27 !