Ce 20 septembre 2022, l'Institut de recherche et de développement Efficacity et le Centre scientifique et technique du bâtiment (CSTB) lancent officiellement leur logiciel baptisé UrbanPrint, développé depuis 2015. Cet outil de modélisation permet d'évaluer en analyse du cycle de vie (ACV) les impacts énergie, carbone et environnementaux d'un projet d'aménagement urbain, en neuf comme en rénovation.
UrbanPrint intégré à la démarche Écoquartier
UrbanPrint est le premier logiciel à appliquer la méthode de calcul de la performance « Quartier Énergie Carbone » développée depuis 2018, notamment par le CSTB et Efficacity avec le soutien de l'Agence de la transition écologique (Ademe). « La méthode est officiellement sortie en septembre 2021. Une dizaine d'opérations pilotes ont servi de premiers tests de la méthode et du logiciel », rappelle Morgane Colombert, directrice du projet UrbanPrint chez Efficacity.
Dans le cadre de l'appel à manifestation d'intérêt (AMI) lancé, fin 2021, avec l'Ademe, le ministère de la Transition écologique et le CSTB, trente porteurs de projets d'écoquartiers, sélectionnés en avril 2022, bénéficieront aussi d'une évaluation avec UrbanPrint afin de poursuivre le déploiement du logiciel. Ils seront accompagnés pendant plusieurs mois par un bureau d'études membre d'Efficacity pour mettre en place l'évaluation, ainsi que par les équipes d'Efficacity et du CSTB. Ils partageront leurs retours d'expérience à l'échelle du quartier.
Score énergie et score carbone
UrbanPrint sera désormais disponible sur le marché. Il s'adresse en particulier aux bureaux d'études qui accompagnent les aménageurs et les collectivités dans l'amélioration environnementale de leurs projets. Concrètement, le logiciel permet « de calculer un certain nombre de quantitatifs, parfois disponibles pour l'utilisateur, et qui vont ensuite déboucher sur l'évaluation environnementale. Parmi ces quantitatifs se trouvent la consommation de matériaux dans la phase de construction, comme les quantités de béton, d'acier, d'isolants ou de bitume utilisées, etc., mais aussi, en lien avec la phase de vie, les besoins énergétiques et en eau, les quantités de déchets rejetés par les habitants ou les activités du quartier, précise Morgane Colombert. L'intérêt est de donner l'information à l'aménageur des grands contributeurs en termes d'impacts carbone de son projet notamment ».
Le « score énergie » va donc évaluer la différence, en pourcentage, entre l'énergie primaire non renouvelable consommée par le projet étudié et celle du projet de référence. Tandis que le « score carbone » calcule la différence, en pourcentage, entre les émissions équivalent carbone (CO2eq) des deux projets. L'outil va, par exemple, aider à définir « si l'on souhaite aller plutôt vers tel niveau de performance ou vers des matériaux biosourcés ou encore le type de systèmes énergétiques à privilégier en fonction de la présence de réseaux de chaleur ou de la production électrique possible », explique Morgane Colombert.
UrbanPrint indique aussi à l'utilisateur les leviers d'action non mobilisés qui pourraient encore réduire les scores énergie et carbone du projet et est capable de comparer plusieurs variantes. Le logiciel peut ainsi « générer plusieurs centaines de simulations et identifier par lui-même les grands leviers d'action qui n'ont pas encore été activés par l'aménageur et qui lui permettraient d'avoir encore du gain carbone », ajoute-t-elle.
L'empreinte carbone de l'habitant
UrbanPrint propose deux approches : la vue « Aménageur » et la vue « Usager ». La première évalue les performances énergie-carbone et les impacts environnementaux associés aux ouvrages et aux services urbains sous la responsabilité de l'aménageur du quartier. Pour la vue « Usager », le logiciel évalue aussi l'empreinte carbone moyenne des habitants du quartier en intégrant les dimensions alimentation, biens de consommation, transports de marchandises, services, etc. « Dans ce cas, on s'est appuyé sur une approche économique : en fonction des types de ménages et des catégories socio-professionnelles du territoire, on en déduit des impacts carbone. On a ensuite remplacé dans cette évaluation socio-économique de l'empreinte carbone, la partie évaluée de façon physique sur le périmètre aménageur afin de pouvoir visualiser l'impact de ce dernier sur cette empreinte », indique Mme Colombert.
Efficacity prévoit des évolutions progressives de l'outil UrbanPrint, en intégrant de nouveaux leviers d'action, en améliorant les moteurs de calcul ou en incluant de nouveaux critères d'évaluation des projets. « Nous sommes en train de travailler sur un nouvel indicateur, avec un coefficient de biodiversité qui devrait être disponible pour nos membres d'ici la fin de l'année. La question d'un indicateur lié à l'objectif du zéro artificialisation nette (Zan) fait aussi partie de notre feuille de route, sachant que le logiciel prend déjà en compte le stockage carbone des sols », souligne Morgane Colombert.