Quinze ans après le lancement de la Toyota Prius, le véhicule hybride reste encore confidentiel : une dizaine de milliers d'unités vendues en France, un million à travers le monde. Pourtant, la plupart des constructeurs proposent au moins un modèle de véhicule hybride et une quarantaine de technologies sont étudiées aujourd'hui, avec différents niveaux d'hybridation.
Demain, tous les constructeurs proposeront pour chacune de leurs voitures une version hybride, estimait Jean Delsey, directeur de recherche émérite et conseiller scientifique à l'institut français des sciences et technologies des transports, de l'aménagement et des réseaux (IFSTTAR), lors de la matinée du programme de recherche et d'innovation dans les transports terrestres (Predit) consacrée aux véhicules hybrides, mercredi 11 mars. Selon lui, les voitures hybrides permettent de bénéficier des avantages de chacune des motorisations thermique et électrique et de réduire fortement la consommation de carburant et les émissions de gaz à effet de serre. Avec un objectif réglementaire européen fixé à
Technologie transitoire ou véhicule du futur ?
Une étude menée par le cabinet KPGM soulignait en janvier dernier "la grande incertitude des constructeurs et équipementiers quant aux technologies qui motoriseront nos véhicules à l'horizon 2025 et au rythme d'introduction de ces nouvelles technologies". Les stratégies menées par les deux constructeurs français semblent confirmer ce constat.
PSA, qui a commercialisé à l'automne dernier la première voiture diesel-électrique de série au monde, semble miser sur cette technologie. Selon son dirigeant, Philippe Varin, les véhicules hybrides pourraient représenter 15 % du marché en 2020, contre 5 % pour les voitures électriques.
L'alliance Renault-Nissan fait le pari inverse. Son PDG, Carlos Ghosn, prévoit pour les voitures électriques une part de 10 % du marché mondial à l'horizon 2020 et estime que le véhicule hybride ne sera qu'une technologie transitoire. Lors de son audition par la Commission des affaires économiques de l'Assemblée nationale en janvier dernier, Carlos Tavares, directeur général délégué de Renault, expliquait que "deux motorisations pour un seul véhicule dans une industrie à faible marge, c'est une de trop".
Différents degrés d'hybridation
Les différentes projections au niveau mondial passent elles aussi du simple au triple : de 4 millions d'unités en 2020 à 12 millions, soit 10 à 15 % du marché. Mais tout dépendrait de ce que l'on entend par système hybride. Car ce terme rassemble une multitude de technologies. Le système stop and start (qui permet de couper le moteur thermique à l'arrêt pour le redémarrer très rapidement ensuite) est déjà très développé, ses coûts sont relativement faibles pour un gain de consommation énergétique estimé entre 3 et 10 %. Mais des degrés plus élevés d'hybridation existent, comme le mild hybrid qui récupère l'énergie du freinage ou le full hybrid qui permet un fonctionnement limité en tout électrique en ville par exemple (plus de 30 % de la puissance du véhicule est alors électrique). Certains full hybrid, qui devraient apparaître sur le marché en 2012, seront même rechargeables sur le réseau électrique (plug-in). Dans ce cas là, on inverse un peu le concept : c'est le moteur thermique qui vient en relai de l'électrique, et non le contraire.
Généralement, les coûts sont proportionnels au degré d'hybridation du véhicule. Pour favoriser le déploiement de ces technologies, le défi réside donc dans l'abaissement des coûts. L'entreprise Valéo, qui a inventé en 2004 le système stop and start, travaille désormais sur un projet d'"hybride abordable". Le programme BelHysyMa prévoit le développement d'un système mild hybrid accessible au plus grand nombre, compétitif par rapport aux solutions existantes et facilement intégrable sur l'ensemble des modèles. "Notre objectif est de diviser par deux le ratio coûts-bénéfices par rapport à un hybride classique", indique Pierre-Emmanuel Strohl, directeur marketing de Valéo.