Le Commissariat général au développement durable (CGDD), entité rattachée au ministère de l'Environnement, a publié le 19 mai les résultats d'une évaluation (1) de la politique de développement de l'usage du vélo pour les transports du quotidien. Verdict : le bilan est positif, en premier lieu du fait des bénéfices en matière de santé publique. Les autres bénéfices dépendent de l'intégration des politiques "vélo" dans une politique plus globale de la mobilité.
Un bénéfice sanitaire avant tout
La situation observée par l'étude court de 2003 à 2010, mais ses auteurs ont prolongé la période d'évaluation jusqu'en 2050 "afin de prendre en considération les impacts sur le long terme". Les résultats portent sur un panel de quatorze villes ou agglomérations ayant mis en place des politiques en faveur du vélo (voir encart).
"Au total, le bilan est positif, le coût global de la politique de l'ordre de 670 millions d'euros étant compensé par les avantages qu'en retirent les usagers du vélo mais aussi les bénéfices « externes » de la politique : réduction des nuisances environnementales, des coûts d'entretien de la voirie, amélioration de la santé ", conclut l'étude.
Une approche globale de la mobilité nécessaire
Les autres bénéfices se révèlent en revanche dépendants de la politique globale des transports menée par les collectivités, et en particulier l'articulation avec l'offre de transport en commun. L'étude pointe effectivement un effet pervers des politiques "vélo" : les nouveaux cyclistes proviennent en majorité des usagers des transports en commun, dont la baisse consécutive de fréquentation entraîne une baisse des recettes. Si l'opérateur ne peut diminuer ses charges, la collectivité devra augmenter sa subvention d'exploitation.
Dans cette hypothèse, le bilan global des politiques "vélo" n'est que légèrement positif, de l'ordre de 100 millions d'euros. Loin de celui constaté si les collectivités adaptent leur offre de transport en commun, le gain étant alors évalué à près d'un milliard d'euros. D'où la nécessité pour les collectivités de bien étudier la complémentarité des offres de vélos et de transport en commun. "C'est particulièrement vrai dans les zones peu denses et en périodes creuses où des services de transports en commun sont coûteux à mettre en œuvre et offrent des fréquences de desserte peu intéressantes", soulignent les auteurs.
Cette nécessité d'envisager les politiques de déplacement de manière globale est confirmée selon ces derniers par l'impact défavorable des politiques "vélo" sur la congestion routière. "La réduction de la circulation automobile induite par la politique vélo reste modérée et ne permet pas de compenser les pertes de temps imposées aux automobilistes du fait d'une restriction de la voirie", indique l'étude. Ses auteurs en concluent que "pénaliser les temps de parcours automobile n'est souhaitable que lorsque les alternatives proposées sont suffisamment attractives pour induire un véritable report modal sur le long terme".