Alors que la stratégie européenne « De la ferme à la table », annoncée en 2020, prévoit de réduire de 50 % l'usage des pesticides en 2030, quelle a été la dynamique des ventes de ces produits, en France, au cours de la dernière décennie ? Elles restent élevées, si l'on en croit l'état des lieux (1) publié, hier, par le ministère de la Transition écologique. Réalisé à partir des données de la Banque nationale des ventes, alimentée elle-même par les distributeurs de produits phytopharmaceutiques, il concerne les quantités de substances actives contenues dans les produits et ne tient pas compte des adjuvants.
Fléchissement des substances actives
Les plus toxiques en baisse, les produits de biocontrôle en hausse
Pour ce qui concerne les molécules classées comme les plus préoccupantes, cancérogènes, mutagènes et reprotoxiques (CMR), les transactions ont, elles aussi, diminué en une décennie, passant d'un peu moins de 20 000 tonnes en 2009 à moins de 10 000 tonnes en 2020, soit 12,2 % du total au lieu de 28,4 % auparavant. Là encore, elle se répartissent de manière très inégale sur le territoire. Certains départements producteurs de pommes de terre, comme la Somme, le Pas-de-Calais ou la Marne, sont ainsi meilleurs clients que d'autres. Quant au glyphosate, toxique pour les organismes aquatiques et cancérogène probable pour les humains, il représente la deuxième substance active la plus utilisée en France derrière le soufre : 8 600 tonnes ont été vendues en 2020, après une baisse à 6 100 tonnes en 2019. Sur la période 2018 à 2020, la molécule constitue 12 % du total des ventes de produits phytopharmaceutiques.
En parallèle, les quantités de substances actives utilisables en produits de biocontrôle et/ou en agriculture biologique augmentent régulièrement. Elles ont même pratiquement doublé en une décennie, passant de 10 169 tonnes en 2010 à 21 956 tonnes en 2020.