Dans les allées du Salon de l'agriculture, la transition écologique n'est plus tabou ou sujet de discorde entre écologistes et agriculteurs : l'objectif de réduire l'utilisation de phytosanitaires est partagé par la majorité des acteurs. Les États généraux de l'alimentation organisés l'été dernier ont eu le mérite de mettre tout le monde sur la même longueur d'onde. Même le syndicat majoritaire, la FNSEA, jusque là très dubitative, a présenté son « contrat de solutions », recensant 292 pistes pour réduire l'utilisation des phytosanitaires lorsque des solutions de substitution sont disponibles. « Ce n'est pas une transition que les agriculteurs pourront faire seuls dans leur coin ; on doit travailler tous ensemble », est venue expliquer Brune Poirson, secrétaire d'État à la Transition écologique et solidaire.
Travailler ensemble, c'est justement ce que demandent nombre de syndicats. « On nous a engouffrés dans un système, maintenant on voudrait que l'on parte vers autre chose, constate Bernard Lannes, président de la Coordination rurale et agriculteur dans le Gers. Donnez-nous de vrais objectifs et une vraie orientation ». La Confédération paysanne attend aussi la mise en place de « contrats de transition » qui accompagneront, sur le plan technique et financier, les agriculteurs désireux de modifier leurs pratiques.
Si la prise de conscience d'une transition nécessaire est réelle, les moyens pour y parvenir sont encore à préciser. Preuve de la fragilité d'un changement durable : le débat sur le glyphosate. Son interdiction annoncée par Emmanuel Macron dans les trois ans à venir pourrait faire l'objet d'exceptions selon les filières.