Les viticulteurs, qui considèrent leur vin comme naturel, s'entendent pour dire qu'ils interviennent très peu lors du processus de production. Toutefois, les pratiques différent. Si certains se permettent de traiter leur vigne avec du cuivre ou du souffre, même en quantité deux fois inférieure au cahier des charges de l'agriculture biologique, d'autres vont s'abstenir totalement.
Parmi les techniques pour réduire ou stopper totalement les intrants chimiques, les viticulteurs que nous avons rencontrés sur le terrain utilisent des principes tirés de la biodynamie et de la permaculture. Voir le reportage vidéo. Néanmoins les pratiques sont à chaque fois différentes en fonction de la situation géographique des parcelles, du climat et des viticulteurs. Faut-il labourer pour désherber les vignes ? Y a-t-il des alternatives ? Oui, désherber seulement au pied des ceps de vigne, casser les tiges avec des rouleaux faca… certains vont même semer des espèces pour doper les vignes.
Sulfites ou non ?
Pour la vinification, là encore les avis sont partagés. Sulfites ou pas sulfites ? Telle est la question. Beaucoup n'en mettent pas lors de la vinification mais en ajoutent au moment de l'embouteillage pour stabiliser un minimum leur vin, ce que se refusent les puristes. Aussi, comme un vin naturel se veut être au plus proche du terroir, pas question d'ajouter des artifices pour embellir le goût du vin comme "la gomme arabique qui permet d'arrondir le vin et le rendre plus suave", précise Alexis Goujard, journaliste à la Revue des vins de France.
Aujourd'hui, il n'existe que des chartes de viticulteurs (Association des vins naturels / Vins S.A.I.N.S) qui se sont entendus sur des méthodes et des principes mais pas de label "vin naturel". Il est donc très difficile voire impossible pour le consommateur de les identifier dans les étals, tout repose sur les conseils d'un bon caviste spécialisé dans les vins bios et naturels et sur l'honnêteté des vignerons…
Quant au goût, comme pour les vins bios ou conventionnels, il y a de tout. Par contre, les vins naturels sont plus fragiles du fait de l'absence de sulfites et parfois la fermentation peut même continuer en bouteille et donc détériorer le vin. Il faut aussi au consommateur plus de souplesse, le goût ne sera jamais exactement le même d'une année sur l'autre, ce qui le rend unique à chaque fois, toujours plus proche du terroir.
Aujourd'hui, il est difficile de savoir combien de vignerons produisent des vins naturels puisque tous ne sont pas d'accord sur les différentes pratiques agricoles, mais il semblerait qu'il y ait un certain engouement des consommateurs et donc par conséquent le reste du monde agricole ne peut pas fermer les yeux.