« Ce baromètre est une invitation à la réflexion et à l'action », selon les mots de Célia Rennesson, directrice générale de Réseau Vrac & Réemploi. Présenté pour la première fois lors du Salon du vrac et du réemploi du 14 mai 2024, le rapport « Vers un baromètre de la filière du vrac et du réemploi » (1) se veut comme un jalon initial pour la compréhension de cette filière industrielle en construction. Un état des lieux « imparfait » et « non exhaustif », mais qui vise surtout à mettre en lumière le potentiel du secteur.
Quelques chiffres en vrac : en moyenne en 2023, la grande distribution a proposé 36 références vracs, 1 200 dans les magasins spécialisés. Pour les références réemploi, le chiffre tombe à 11 en grande distribution, 100 en magasins bios et 20 en magasins spécialisés vrac. À mettre en regard avec les milliers de références de produits préemballés disponibles dans les supermarchés. Sur le plan de la collecte des emballages réemployables : environ 1 000 points de collecte sont recensés sur le territoire, pour 13 millions d'emballages collectés. Le taux de retour moyen s'échelonne de 15 % en grande distribution à 87 % en livraison à domicile, avec une moyenne à seulement 35 %. « On peut se le dire, on est en retard », admet Clara Mottier, coordinatrice du rapport au sein du cabinet Deloitte. En retard notamment par rapport à l'objectif de 5 % de réemploi en 2023 de la loi Antigaspillage pour une économie circulaire (Agec). Ce taux n'est pas encore disponible pour 2023, mais « il n'atteindra clairement pas les 5 % », pour Célia Rennesson. En cause, la pandémie et l'inflation, qui ont fait perdre de la vitesse au secteur, mais aussi un manque de soutien politique fort.
Des freins et leviers clairement identifiés
Dernier levier à actionner : informer et convaincre le consommateur. Pour ce faire, il est nécessaire de diversifier l'offre tout en maintenant un prix compétitif et une expérience d'achat la plus simple possible. L'analyse met par ailleurs en lumière trois conditions pour que s'installe le modèle économique du réemploi : « la recherche de solutions pour garantir un nettoyage efficace des contenants » ; « le travail sur la standardisation des emballages pour accroître les volumes » ; « l'organisation de la gestion et de la distribution des parcs d'emballages réemployables pour garantir les livraisons chez les metteurs en marché, dans les conditions de qualité, quantité et délais requises ».
« Tout est prêt pour passer à l'industrialisation »
80 %
C'est la proportion d'opérateurs du réemploi qui rencontrent encore des difficultés pour parvenir à une stabilité financière
Célia Rennesson présente aussi sa filière comme une opportunité majeure pour la France : sur le plan environnemental bien sûr, mais aussi pour la réindustrialisation du pays et l'emploi. « C'est l'occasion d'avoir une souveraineté du parc d'emballages [et de] montrer l'exemple. » Aujourd'hui, la branche emploie déjà 9 000 travailleurs à temps plein et ambitionne de générer plus de 20 000 emplois supplémentaires dans les prochaines années. Des efforts restent tout de même à fournir pour atteindre le prochain objectif de la loi Agec de 10 % d'emballages réemployés en 2027, mais les experts interrogés se disent « confiants ». Et les rapporteurs du baromètre de conclure : « Une transformation industrielle ne se fait pas en un jour. »