La commune de Viviez-Le Crouzet (Aveyron) garde les traces de son passé industriel : ses sols présentent une pollution résiduelle au plomb, au cadmium et à l'arsenic liée à 150 ans de production de zinc. Une étude menée en 2008 a montré des concentrations moyennes dans les sols supérieures aux valeurs de référence mesurées sur une commune non exposée (Montbazens) : 20 fois supérieures pour le cadmium, 5 fois supérieures pour le plomb et 3 fois supérieures pour l'arsenic. Les végétaux, les puits et les cours d'eau sont également contaminés par ces polluants. Seule l'eau potable y échappe car le captage est situé en amont des zones polluées. Exposés quotidiennement à cette pollution, les habitants de cette commune risquent une imprégnation qui peut mener au saturnisme pour le plomb, une maladie qui peut avoir de graves conséquences sur les enfants de moins de 6 ans. Autres éléments chimiques, autres maladies : le cadmium peut causer des dysfonctionnements rénaux en s'accumulant dans l'organisme. L'arsenic peut entraîner des lésions de la peau et augmente également le risque de maladies chroniques.
Une étude de l'exposition de la population à ces polluants a été menée en 2008 par l'antenne régionale de l'institut national de veille sanitaire (InVS) et l'ARS Midi-Pyrénées (ex-Ddass de l'Aveyron). Les résultats finaux ont été présentés le 8 septembre 2011 aux habitants de la commune.
Sur-imprégnation au cadmium : 19 cas d'atteinte rénale dépistés
L'étude montre une sur-imprégnation des habitants au cadmium : les adultes de cette commune n'ayant jamais été exposés à ce polluant dans le cadre de leur profession ont une imprégnation supérieure à ceux qui vivent sur la commune non polluée de Montbazens. 22% ont une cadmiurie supérieure à 1 µg/g de créatinine, ce qui est considéré comme une imprégnation excessive et peut entraîner un risque d'atteinte du rein. ''Parmi ces personnes sur imprégnées au cadmium, 19 atteintes rénales ont été dépistées à Viviez. La consommation de produits locaux (fruits légumes, œufs, volailles lapins) et l'exposition aux poussières des sols pollués pourraient être à l'origine de cette sur-imprégnation'', indique l'étude.
En revanche, aucun cas de saturnisme, lié au plomb, n'a été dépisté. L'exposition à l'arsenic ne présente pas non plus de préoccupation sanitaire, estiment l'InVS et l'ARS.
Un plan d'action d'ici mi 2012
Au vu de ces résultats, l'InVS recommande le traitement des sols des jardins privés et des espaces publics de la commune afin de limiter l'exposition des habitants au cadmium. Ensuite, un suivi médical de la population devrait être mis en place en proposant notamment des dosages de cadmiurie et une prise en charge médicale aux habitants qui en ont besoin.
Dans la foulée, l'ARS a défini un plan d'action quinquennal qui sera lancé mi 2012. Un dépistage sera proposé aux habitants de la commune n'ayant pas participé au dépistage de 2008. Ceux qui ont déjà été dépisté pourront bénéficier d'un contrôle de cadmiurie.
Les personnes sur-imprégnées feront l'objet d'une surveillance médicale et des actions individuelles de prévention seront mises en œuvre.
Le ministère de l'Ecologie a de son côté demandé à l'Institut national de l'environnement industriel et des risques (Ineris) de mener une étude des sols afin de cartographier la répartition des pollutions dans les différents terrains publics et privés de la commune, de déterminer les zones présentant les concentrations les plus élevées et/ou qui peuvent être à l'origine de la dispersion de poussières contaminées dans l'atmosphère, d'identifier l'origine de la pollution et de proposer des solutions de traitement des zones prioritaires identifiées. Les premiers résultats seront connus fin 2011 et les résultats finaux devraient être présentés mi 2012.