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Face au risque de canicules, les politiques urbaines évoluent

Ilots de chaleur : premières pistes pour ré-inventer la ville Actu-Environnement.com - Publié le 04/07/2016

Le syndrome des îlots de chaleur est appelé à se banaliser dans les villes, annoncent les climatologues, et menace la santé des personnes et l'organisation économique. Un arsenal de mesures est à la portée des édiles pour atténuer leurs impacts.

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Face au risque de canicules, les politiques urbaines évoluent
Environnement & Technique N°360 Ce dossier a été publié dans la revue Environnement & Technique n°360
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C'est un phénomène avec lequel il va falloir apprendre à vivre dans les villes. En milieu urbain, la densité des bâtiments et des matériaux artificiels qui retiennent la chaleur entraînent une augmentation de la température qui peut atteindre jusqu'à 5 ou 6°C de plus qu'en milieu naturel. Ce phénomène tient aussi à la forme urbaine "en canyon" qui réverbère et piège le rayonnement solaire et donc la chaleur. Ces effets, qui peuvent avoir des conséquences graves sur la vie d'une ville, comme on l'a vu lors de la canicule de 2003, sont amplifiés du fait de la vulnérabilité particulière des populations (personnes âgées, isolées…) et des infrastructures.

Les risques de phénomènes météorologiques extrêmes liés au changement climatique - par exemple, vagues de chaleur, précipitations et inondations des zones côtières - atteignent déjà un niveau modéré et atteindraient un niveau élevé avec une augmentation supplémentaire de la température moyenne globale de 1°C, alerte le dernier rapport du Groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat (Giec), publié en 2014. Les risques liés à certains types d'événements extrêmes augmentent encore sous l'effet de températures plus élevées.

Le Giec est sans appel sur la question : la fréquence des journées chaudes et des vagues de chaleur va exacerber l'effet îlot de chaleur urbain, et, corrélativement, la pollution de l'air, en même temps que la demande en énergie va augmenter pour alimenter les systèmes de climatisation. Le Giec prévoit une hausse des consommations d'énergie dans les régions méditerranéennes de l'Europe au cours du XXIème siècle en raison du recours massif aux systèmes de climatisation.

La mortalité due aux vagues de la chaleur est appelée à augmenter en Europe dans toutes les zones géographiques, hormis les régions alpines. Les effets de ces anomalies seront systémiques : ils auront des répercussions sur l'ensemble de la chaîne économique, car ils pourront engendrer l'incapacité périodique de travailler en extérieur, des pannes d'électricité, des problèmes de fourniture d'eau.

Pour qualifier la durée et l'intensité d'un événement de vague de chaleur, Météo-France s'appuie sur les données de l'indicateur thermique national, obtenu à partir de la moyenne de 30 stations régulièrement réparties sur le territoire, disponibles chaque jour depuis 1947. Les météorologues observent un pic de chaleur, correspondant au dépassement d'une température moyenne très élevée sur la France (26°C sur une journée ou 25°C en moyenne sur trois jours). Ils calculent ensuite la durée de l'événement à partir d'une valeur seuil, caractérisant le début et la fin de la l'épisode.

Des vagues de chaleur qui durent

En France, à l'horizon 2021-2050, les modèles prévoient une hausse des températures moyennes, comprise entre 0,6°C et 1,3°C, toutes saisons confondues, par rapport à la moyenne de référence calculée sur la période 1976-2005. Une augmentation du nombre de jours de vagues de chaleur en été est à prévoir, comprise entre 0 et 5 jours sur l'ensemble du territoire, voire de 5 à 10 jours dans des régions du quart Sud-Est. A l'horizon 2071-2100, en France, une forte hausse des températures moyennes sera perceptible. Selon les scénarios, cette hausse pourra atteindre 3,6°C en hiver, et entre 2,6°C et 5,3°C en été. Elle devrait être particulièrement marquée en allant vers le Sud-Est du pays, où elle pourrait largement dépasser les 5°C en été par rapport à la moyenne de référence. La durée des vagues de chaleur pourrait alors dépasser les vingt jours.

Le Giec souligne qu'en comblant les déficits en services de base, en améliorant les logements et en construisant des infrastructures mieux adaptées, il est possible de réduire sensiblement la vulnérabilité et l'exposition aux vagues de chaleur dans les zones urbaines. "L'adaptation en milieu urbain peut tirer parti d'une gouvernance efficace appliquée à de multiples niveaux, de l'harmonisation des politiques et des mesures incitatives, d'un renforcement des capacités d'adaptation des administrations locales et des collectivités, des synergies avec le secteur privé, ainsi que de financements et d'institutions appropriés", note le Résumé à l'attention des décideurs.

Renforcer la résilience des groupes à faible revenu et des collectivités vulnérables par des partenariats avec les autorités locales est un élément clé de l'adaptation. L'Observatoire national sur les effets du réchauffement climatique (Onerc) constate que les initiatives d'adaptation sont toutes liées à la présence de l'une au moins des quatre situations suivantes : appartenance à un réseau, vulnérabilité démontrée par des événements climatiques passés, proximité avec un autre territoire qui s'adapte, présence d'un élu engagé dans le développement durable.

Déminéraliser les villes

Les publications sur l'adaptation des villes au changement climatique se multiplient. Elles mettent l'accent sur trois aspects : les risques et les vulnérabilités ; la définition de la résilience et l'identification des opportunités pour la renforcer à tous les niveaux ; les retours d'expérience des politiques publiques. L'attention se porte sur les populations les plus vulnérables aux vagues de chaleur, y compris les travailleurs postés en extérieur. Les échanges se renforcent entre villes, notamment par la création du réseau 100 Villes résilientes.

Les alternatives à la climatisation sont moins à rechercher du côté des constructions passives que du côté de la ventilation naturelle et l'amélioration de l'isolation. Comme le souligne la sociologue Marie-Christine Zélem, la sophistication technique des boîtes hermétiques que sont les immeubles à énergie positive n'est pas la réponse la plus adaptée aux canicules en ville, en raison de l'impossibilité de les refroidir la nuit.

Quant à la réglementation thermique française, elle ne prend pas suffisamment en compte la question du rafraîchissement du bâti, estime Thierry Salomon, porte-parole de l'association négaWatt. C'est toute la motorisation de la société qui est à revoir. En ville, les moteurs des automobiles sont un redoutable multiplicateur de surchauffe : la chaleur dégagée par des milliers de moteurs thermiques s'ajoute à celle du soleil, et le bruit empêche bien souvent d'ouvrir les fenêtres, alors que la température extérieure s'est rafraîchie. La climatisation, dont le recours s'est généralisé depuis la canicule de 2003, est efficace dans l'instant, mais aggrave le réchauffement à long terme et demeure gourmande en énergie.

Autre difficulté structurelle : les villes modernes sont construites comme des trappes à chaleur. Le verre des immeubles et le béton, deux matériaux phares du XXème siècle, ne sont pas adaptés à la nécessité de rafraîchir les villes. Exposés au soleil, ces bâtiments surchauffés imposent la climatisation. Il faut "déminéraliser" le bâti pour utiliser des matériaux qui stockent moins la chaleur, tels que le bois, la paille. Et partout où c'est possible, remettre du vert dans la ville.

Agnés Sinaï

© Tous droits réservés Actu-Environnement
Reproduction interdite sauf accord de l'Éditeur.

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