Or d'après une étude sur les domaines skiables de l'arc alpin* de l'OCDE, les changements climatiques remettent gravement en question la fiabilité de l'enneigement dans les stations de ski menaçant par conséquent les économies régionales qui sont tributaires du tourisme d'hiver. En effet, le tourisme est une activité économique essentielle dans les pays Alpins. On dénombre chaque année entre 60 à 80 millions de touristes et quelque 160 millions de journées skieurs en France, Autriche, Suisse et Allemagne.
Actuellement, les auteurs de l'étude estiment que 90% des domaines skiables Alpins de moyenne ou grande taille, soit 609 domaines sur 666, bénéficient d'un enneigement naturel suffisant pendant au moins cent jours par an. Les 10% restants opèrent déjà dans des conditions précaires, notent-t-ils. Une hausse de la température de 1°C, de 2°C ou de 4°C à l'avenir pourrait ramener le nombre de domaines skiables jouissant d'un enneigement fiable à 500, 400 ou 200, respectivement, prévient l'OCDE.
Parmi les pays étudiés, c'est l'Allemagne qui est le pays le plus vulnérable. Un réchauffement de 1°C, selon l'OCDE, entraînerait une baisse de 60% du nombre de domaines skiables bénéficiant d'enneigement naturel fiable. L'Autriche, où la moitié des revenus du secteur touristique, soit 4,5% de l'économie nationale, provient du tourisme d'hiver, « est légèrement plus sensible que la moyenne ». L'Italie est « légèrement au-dessus » et la France est « proche de cette moyenne ».
S'intéressant à la France, l'OCDE estime qu'une élévation de 300 m de la limite de la fiabilité de l'enneigement naturel (2°C supplémentaires d'ici 2050) ramènerait le nombre de domaines skiables disposant d'un enneigement naturel fiable à seulement 80% environ du total actuel dans les départements de Savoie, des Hautes-Alpes et des Alpes-de-Haute-Provence où se trouvent les domaines présentant les plages d'altitude les plus élevées. L'OCDE note encore qu'il tomberait à 71% en Savoie, à 33% dans les Hautes-Alpes et à 10% dans les Alpes-de-Haute-Provence si la limite remontait de 600 m (4°C de plus d'ici 2100).
C'est la Suisse qui souffrirait le moins de ces changements. Mais même dans son cas, un réchauffement de 1°C ferait diminuer l'enneigement naturel de 10% et un réchauffement de 4°C diviserait par deux le nombre de pistes bénéficiant d'un enneigement fiable, souligne l'organisation de coopération et de développement économiques.
Les exploitants des stations devraient déjà se préparer à ces changements mais en modifiant leur comportement et non en recourant à la technologie.La neige artificielle peut être rentable pour eux, mais elle consomme beaucoup d'eau et d'énergie, et a une incidence sur les paysages et les écosystèmes, expliquent les auteurs de l'étude. De plus, fabriquer de la neige ne sera plus viable dès lors que les températures auront dépassé un certain seuil puisque les coûts de fabrication de la neige de culture augmentent considérablement à mesure que les températures s'élèvent. Enfin, niveler les pentes et détourner les cours d'eau pour modifier le relief mettent l'environnement naturel en péril et accroissent les risques de crues soudaines et d'éboulements.
*Le rapport complet, intitulé Changements climatiques dans les alpes européennes – Adapter le tourisme d'hiver et la gestion des risques naturels, paraîtra en février 2007. www.oecd.org/env/cc/alps.