Robots
Cookies

Préférences Cookies

Nous utilisons des cookies sur notre site. Certains sont essentiels, d'autres nous aident à améliorer le service rendu.
En savoir plus  ›
Actu-Environnement

Action climatique : des militants relaxés en raison de « l'état de nécessité »

Gouvernance  |    |  L. Radisson
Action climatique : des militants relaxés en raison de « l'état de nécessité »

Par un jugement du 23 avril 2024, le tribunal correctionnel de La Rochelle a relaxé neuf militants d'Extinction Rébellion qui s'étaient introduits dans le port de la ville, le 2 septembre 2023, et avaient accroché des banderoles sur les silos à grains du groupe Soufflet-Socomac. Leur motivation ? « Réclamer à l'État des actions concrètes en faveur du climat » et « dénoncer l'agriculture industrielle intensive, responsable de la mort d'un agriculteur tous les deux jours et de la disparition de la biodiversité ».

Le tribunal juge caractérisée l'infraction d'intrusion dans une installation portuaire hors d'une zone d'accès restreint, mais il relaxe les prévenus en raison de « l'état de nécessité ». Selon l'article 122-7 du code pénal (1) , « n'est pas pénalement responsable la personne qui, face à un danger actuel ou imminent qui menace elle-même, autrui ou un bien, accomplit un acte nécessaire à la sauvegarde de la personne ou du bien, sauf s'il y a disproportion entre les moyens employés et la gravité de la menace ». L'état de nécessité, précise le jugement, est caractérisé par la situation dans laquelle se trouve une personne qui, en présence d'un danger et pour sauvegarder un intérêt supérieur, n'a d'autres ressources que d'accomplir un acte défendu par la loi pénale.

En l'espèce, les juges reconnaissent cet état de nécessité du fait que la menace liée au changement climatique est « réelle et imminente », que l'action des militants « doit être considérée comme ayant été nécessaire », et que leur « réaction est proportionnée face à la menace alléguée ». Pour établir le deuxième point, ils relèvent que de nombreuses procédures judiciaires ont été engagées pour obliger l'État français à agir, citant « L'Affaire du siècle », et que les prévenus ont multiplié les démarches légales sans obtenir la mise en place de mesures efficaces. Pour attester de la proportionnalité de l'action, ils relèvent que l'action « n'a causé ni dégât ni dommage et s'est déroulée sans violence ».

1. Consulter l'article 122-7 du code pénal
https://www.legifrance.gouv.fr/codes/article_lc/LEGIARTI000006417220

Réactions3 réactions à cet article

Duralex sed lex : la loi est dure mais c’est la loi ! Et voilà que des juges l’appliquent, bravo !
On aimerait assez que bien des préfets, plus préoccupés par leur tranquillité, leur carrière et « l’ordre » que par la justice, en fassent autant, sans parler de tel ministre qui sachant qu’en interdisant une manifestation il va automatiquement y inviter des casseurs, puisse ainsi délégitimer l’action elle-même et pouvoir tabasser à tour de bras.

petite bête | 26 avril 2024 à 09h34 Signaler un contenu inapproprié

Belle et salutaire décision de justice. Il est grand temps de montrer à nos décideurs que la justice sait y voir clair dans cette criminalisation très droitière par le pouvoir des citoyens en lutte pour un avenir vivable sur la planète.

Et pendant ce temps, à la Sorbonne comme partout ailleurs, Manu ne traite plus désormais le changement climatique et l'environnement qu'à l'aune de la compétitivité, du développement de l'atome et de la finance ! Mes sincères condoléances aux gens de gauche qui ont voté pour ce pur produit de la finance en se laissant berner par ses bobards sur la protection de l'environnement, à la sauce "Make our planet great again" !

Pégase | 26 avril 2024 à 13h50 Signaler un contenu inapproprié

la loi n'est qu'une question d'interprétation de texte plus ou moins bien cadrés et (encore) adaptés au contexte!
avec beaucoup de recul, je ne comprends pas le justificatif qui reste extrêmement vague : "accomplit un acte nécessaire à la sauvegarde de la personne ou du bien". l'acte en question en change absolument rien et n’est pas directement nécessaire : avec ou sans banderoles, la situation n'a pas changé et l’outil utilisé n’est pas approprié pour la « sauvegarde ». Un simple portevoix en plein marché aurait été plus efficace pour véhiculer une idée (avant de se faire arrêter également ^^ )
A l'inverse, s'introduire par effraction pour couper une vanne qui déverserait du pétrole suite à une canalisation cassée me semblerait d'avantage "respecter" le principe de cette loi (pour prendre un exemple très concret).
il ne faudrait donc pas que ce genre de décision ouvre la porte à de nombreux actes sous couvert d"une nécessité d'action"... et des avocats qui s’engouffrent dans la brèche en évoquant la jurisprudence.
Vous comprendrez donc pourquoi j'aurai préféré de loin une condamnation à l'euro symbolique : le franchissement de la loi est reconnu, mais vu la gravité des faits, le préjudice est considéré comme nul! et cela à reproduire à tous les abus de procédures qui augmentent de jours en jours...
Pour ma part, je respecte toutes ces actions qui se déroulent dans le respect et ont pour but que d’ouvrir le débat, porte qui nous est de plus en plus fermée sur tous les sujets

ArnauLdL | 26 avril 2024 à 15h18 Signaler un contenu inapproprié

Réagissez ou posez une question au journaliste Laurent Radisson

Les réactions aux articles sont réservées aux lecteurs :
- titulaires d'un abonnement (Abonnez-vous)
- inscrits à la newsletter (Inscrivez-vous)
1500 caractères maximum
Je veux retrouver mon mot de passe
Tous les champs sont obligatoires