La National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA), la National Aeronautics and Space Administration (NASA) et l'Agence japonaise de météorologie sont parmi les premiers organismes à avoir publié leurs moyennes des températures de 2010. Tous s'accordent à dire que l'année fut particulièrement chaude, qu'elle soit classée en première ou en deuxième position.
2010, en première ou deuxième position ?
Encadré : les dix années les plus chaudes
Selon le NCDC de la NOAA, le classement des dix années les plus chaudes, parmi les 131 dernières années, est le suivant : 2010 et 2005 (avec un écart de +0,62°C par rapport à la moyenne du XXe siècle), 1998 (+0,60°C), 2003 et 2002 (+0,58°C), 2009 et 2006 (+0,56°C), 2007 (+0,55°C), 2004 (+0,54°C) et 2001 (+0,52°C).
Quant à la décennie 2001-2010, avec une moyenne mondiale des températures de 14,46°C, elle est la plus chaude jamais enregistrée, suivie par la décennie 1991-2000 avec une moyenne de 14,26°C.
L'Institut Goddard pour les études spatiales de la NASA (2) estime lui aussi que 2010 rejoint 2005 à la première place des années les plus chaudes. Il constate un écart non significatif de l'ordre de 0,01°C entre les deux années.
Par contre, selon l'Agence japonaise de météorologie (3) , l'année 2010 ne se classe qu'en deuxième position des années les plus chaudes depuis 1891, derrière 1998. Selon le bilan provisoire des météorologues japonais, l'écart avec la moyenne de la période 1971-2000 serait de +0,36°C.
"Un accord entre les différentes études"
Ces écarts sont-ils significatifs ? Si l'on en juge par la comparaison effectuée par l'Institut Goddard (4) , "il y a un accord sur les températures moyennes, malgré de subtiles différences." Ainsi, même si les résultats peuvent différer d'une institution à l'autre, il y a une convergence de résultats démontrant que 2010 a été parmi les années les plus chaudes, voire l'année la plus chaude.
Par ailleurs, l'organisme dirigé par James Hansen rappelle que "le contexte global est bien plus important qu'une année prise séparément, même si l'année considérée bat le record précédent." En particulier, l'Institut indique que "la troisième année la plus chaude - 2009 – est si proche de 1998, 2002, 2003, 2006 et 2007, avec un écart maximum entre ces années évalué à 0,03°C, qu'elles sont toutes les six virtuellement liées."
Une grande variabilité régionale
Sur le plan régionnal, la NOAA a aussi établi un classement des dix événements climatiques marquants de l'année écoulée (5) . En 2010, le podium est constitué des canicules ayant sévi cet été en Russie, en Europe et en Asie, de la température globale moyenne de 2010 et des inondations au Pakistan.
S'agissant des variations régionales, les écarts positifs les plus importants avec les températures moyennes locales de long terme ont été enregistrés dans l'Hémisphère Nord, et en particulier au Canada, en Alaska, au Moyen-Orient, en Europe de l'Est et en Afrique du Nord. À l'inverse, les moyennes de températures les plus fraîches ont été relevées dans l'ouest de la Scandinavie, la partie centrale de la Russie et certaines portions de l'Australie.
Ces contrastes sont mis en avant par certains résultats nationaux présentés par les services météorologiques de certains Etats.
Une année froide en Europe
Météo France (6) annonce qu' "avec une température annuelle inférieure de 0,3 °C à la moyenne de référence 1971-2000, l'année 2010 se positionne en France métropolitaine comme la plus fraîche de ces deux dernières décennies, avec 1996." Il faut remonter en 1987 pour trouver une température moyenne comparable à celle enregistrée en 2010. Par ailleurs, l'année 2010 a été marquée par des événements remarquables tels que les très fréquentes chutes de neige durant l'hiver et la tempête Xynthia en février.
Même constat outre-Manche où l'Office météorologique du Royaume-Uni (7) annonce que l'année 2010 a été la plus froide depuis 1986 ce qui classe l'année en douzième position des années les plus froides des cent dernières années. L'hiver froid, et en particulier le mois de décembre "qui fut un des mois les plus froids des 100 dernières années",explique en grande partie le classement de l'année 2010 parmi les plus froides. L'année écoulée fut aussi particulièrement sèche puisqu'elle se classe en dixième position des années les moins pluvieuses depuis 1910.
De son côté, l'Institut météorologique finlandais (8) annonce simplement que "même si 2010 a été plus froide que la moyenne de long terme, la première décennie des années 2000 a été la plus chaude enregistrée en Finlande", devant la décennie 1930. L'Institut note que "lorsque l'on compare la décennie avec le climat de la période 1971-2000, la plus grande différence apparaît durant la saison hivernale" avec un écart de l'ordre de +0,5 à +1,5°C.
Les événements exceptionnels retiennent l'attention
L'organisme public Environnement Canada (9) , estime pour sa part que "selon des données préliminaires, la température moyenne au pays en 2010 a été de 3,0 °C supérieure à la normale, ce qui fait de 2010 l'année la plus chaude jamais enregistrée depuis le début des relevés nationaux en 1948." Elle relègue 1998, avec un écart de +2,5°C, en deuxième position. Par ailleurs, Environnement Canada précise que "depuis 1997, les températures annuelles sont systématiquement supérieures à la normale" et "quatre des dix années les plus chaudes font partie de la dernière décennie et […] 13 des 20 dernières années se sont classées parmi les 20 années les plus chaudes." En 2010, tout le pays a connu des températures supérieures à la normale, le printemps et l'hiver ont été les plus chauds jamais enregistrés, l'automne arrive au deuxième rang des automnes les plus chauds et l'été, au troisième rang.
En Australie, le Bureau météorologique (10) indique qu'avec une température moyenne 22°C, soit un écart de +0,19°C avec la moyenne enregistrée sur la période 1961-1990, l'année 2010 a été l'année la plus froide depuis 2001, ce qui la place néanmoins en 31e position des années les plus chaudes depuis 1910. "Cela fait maintenant neuf ans que l'Australie n'a pas connu d'année sous la moyenne et les dix dernières années écoulées constituent la décennie la plus chaude enregistrée en Australie", précise le Bureau.
Cependant, l'événement climatique australien de 2010 concerne avant tout la pluviométrie. "La Niña a fait de 2010 la troisième année la plus pluvieuse jamais enregistrée", titrent les météorologues. La moyenne des précipitations s'établie à 690 millimètres (mm) un chiffre "bien au dessus de la moyenne de long terme à 465 mm." Il apparaît par ailleurs, que cette pluviométrie élevée est en grande partie liée à des précipitations violentes et ponctuelles. "Comme cela peut arriver durant les périodes de forte Niña, il y a eu de nombreuses inondations significatives en Australie en 2010, en particulier dans les Etats de l'Est", indique le Bureau météorologique australien. Si les inondations en cours, qui ont débuté en décembre 2010, constituent l'événement le plus important, des inondations "majeures" ont eu lieu en février et mars, atteignant des niveaux jamais connus dans certaines zones du Queensland. Enfin, en Mars deux tempêtes tropicales particulièrement violentes, à Melbourne et Perth, ont entraîné des records en terme de précipitations ponctuelles et de chutes de grêlons.
S'agissant de la Chine, Song Lianchun, le chef du centre national du climat, expliquait à l'agence de presse officielle que les conditions météorologiques "épouvantables" de 2010 ont été à l'origine des pires dégâts depuis 10 ans "avec des événements climatiques qui ont frappé le pays avec une fréquence et une intensité rarement observées." La température de l'année 2010 était plus élevée de 0,7% par rapport à la moyenne, les précipitations ont atteint 681 mm, soit 11,1% de plus que la moyenne, et il y a eu 21,5% de tempêtes en plus que la moyenne. Un constat similaire est dressé du côté de Département météorologique indien (11) qui juge que 2010, présente un écart de +0.93°C au-dessus de la moyenne 1961-1990, est l'année la plus chaude depuis 1901 et qui indique que le pays a été successivement touché par la canicule et les vagues de froid.