Débloquer les fonds promis à Copenhague
La conférence vise tout d'abord à rendre disponibles rapidement les montants annoncés par les pays développés dans l'accord de Copenhague - 30 milliards de dollars sur la période 2010-2012, dont 3,5 milliards pour la forêt promis par 6 pays. Elle pourrait amorcer la mise en place d'un comité de pilotage de ces fonds dans le cadre du mécanisme de réduction des émissions liée à la déforestation et à la dégradation forestière dans les pays en développement (Redd +), a indiqué mercredi 10 mars le ministre de l'environnement Jean-Louis Borloo au cours d'un point presse. Ce mécanisme figure lui aussi dans l'accord de Copenhague.
Plusieurs mécanismes de lutte contre la déforestation existent déjà, notamment ceux pilotés par la Banque mondiale ou le Programme des Nations unies pour le développement (Pnud). Mais il faut mieux les coordonner, s'assurer qu'ils soient équitablement distribués entre les pays en développement et que leurs normes de conduite soient les mêmes, a expliqué l'ambassadeur des négociations climatiques pour la France Brice Lalonde.
Le montant de ces fonds de soutien se compte en millions de dollars, quand les besoins s'expriment en milliards. ''Il faudrait en mobiliser environ 6,7 milliards rien que pour le bassin forestier du Congo'', chiffre Henri Djombo, ministre du développement durable, de l'économie forestière et de l'environnement de la République du Congo.
''Les gouvernements du bassin du Congo ont une réglementation très claire sur la forêt, des plans pluriannuels de lutte contre la déforestation. Ils ont besoin de financement pour soutenir cet effort fragile'', selon Denis Loyer, directeur adjoint des opérations de l'Agence française de développement (AFD), spécialiste des forêts. Pour lui, l'état des lieux de la ressource constitue la première étape de la lutte contre la déforestation. Il sera extrêmement coûteux à réaliser. A elle seule, la superficie du bassin forestier du Congo est de 226 millions d'hectares, plus de 3 fois la surface de la France.
''Il faut également que cette aide soit réellement additionnelle et pas un simple recyclage d'aide publique déjà affectée, prévient Greenpeace dans un communiqué publié aujourd'hui. Il va falloir mettre en place de réels garde-fous contre une utilisation perverse des financements : les moteurs de la déforestation - conversion de forêts en terres agricoles, plantations, exploitation industrielle du bois - ne doivent pas bénéficier de subventions déguisées''.
Ces conférences ne suffiront donc pas à résoudre toutes les questions en suspens : origine des fonds, interaction avec d'autres thèmes liés au réchauffement climatique (eau, énergie, adaptation). Mais elles constituent une étape sur la route menant à la conférence sur le climat de décembre prochain à Cancún (Mexique) et contribuent à donner un nouveau souffle à des négociations sur le climat en perte de vitesse.