Depuis les années 1960, la taille des poissons pêchés tend à diminuer. La pêche intensive provoque en moyenne une diminution de 30 % de la taille du corps des poissons. Cette diminution en taille réduit les rendements de la pêche et a des conséquences écologiques importantes : des poissons plus petits sont des prédateurs moins efficaces et des proies plus faciles. Mais quel phénomène est véritablement responsable du rapetissement des populations exploitées ? La pêche excessive qui prélève les plus gros modèles ou y-a-t-il autre chose en jeu ? C'est à ces questions que des chercheurs d'Inrae, du CNRS et de Sorbonne Université ont voulu répondre.
Après une expérimentation de cinq ans sur des populations de medaka, une espèce de poisson servant habituellement de modèle en laboratoire, les chercheurs ont démontré que la sélection naturelle favorise bien les individus de grande taille, mais uniquement à des fortes densités de population. En prélevant les gros spécimens et des grandes quantités d'individus, la pêche diminue la densité de population et grippe par conséquent le processus de sélection naturelle qui encourage l'apparition de gros poissons. « Cette découverte suggère alors que pour lutter contre le rapetissement des poissons, il faut actionner plusieurs leviers en parallèle, pêcher des poissons plus petits et veiller à maintenir des abondances en poissons suffisamment élevées pour que la sélection naturelle puisse agir », explique l'Inrae dans son communiqué. Autrement dit, il faudrait pêcher moins et ( ?) de plus petits poissons pour continuer à en pêcher des gros.