Ce samedi matin-là, il faisait très froid, la végétation au sol était gelée. Gants, écharpes et manteaux bien chauds obligatoires pour les membres de l'association « Réseau des Semeurs de jardins ». Ils se sont réunis dans le quartier Malbosc à Montpellier pour concrétiser un projet de plantation d'un bosquet fruitier en imitant les principes d'une forêt naturelle.
Il s'agit de planter 40 arbres et arbustes sur une parcelle d'environ 200 mètres carrés : beaucoup d'arbres sur une si petite surface. C'est là qu'entre en jeu l'expertise de l'association composée de membres comme Alain Del Vecchio, cofondateur et jardinier expérimenté en permaculture ou May Kobbi, membre de l'association et Docteure en biologie végétale.
Densifier et stratifier la forêt
Car il y a tout un ensemble de paramètres à prendre en compte avant de planter : exposition du soleil, ombrages, écoulements des eaux de pluies, direction des vents, températures, qualité du terrain, zone rocheuse, zone humide, sources de pollution à proximité…pour finalement choisir les espèces qui vont convenir à tous ces paramètres.
Ensuite, il faut penser à la disposition des arbres et arbustes, pour qu'ils n'entrent pas trop en concurrence mais quand même suffisamment pour doper leur croissance. Certaines espèces doivent être exposées en plein soleil mais peu au vent. D'autres vont préférer l'ombre et la fraîcheur, bref, c'est un véritable casse-tête. Il s'agit de recréer « ce qui se passe naturellement dans une forêt, avec ses différentes strates, mais de façon optimisée sur de petites parcelles », explique May Kobbi. Des arbres hauts, qui vont capter la lumière et des arbres ou arbustes plus petits qui en ont moins besoin.
L'idée d'une telle densité, c'est de protéger au maximum le sol, « plus il sera à l'abris du soleil, mieux il se portera », explique Alain Del Vecchio. Il sera bien alimenté par le feuillage des arbres et les adventices n'auront pas assez de lumière pour se développer. L'objectif est de planter la plus grande diversité d'espèces possible, essentiellement méditerranéennes, pour en faire une oasis pour les oiseaux, les insectes, les verres de terre…
Rendre la ville moins minérale
L'originalité de cette micro-forêt, c'est qu'elle est composée essentiellement d'arbres fruitiers, une forêt donc comestible par tous les passants… Il y aura peut-être un vers dans la pomme car ici tout produit chimique est strictement proscrit. Mais d'autres méthodes alternatives permettront de s'en passer. Un sujet qui pourra faire l'objet d'un parcours pédagogique pour les enfants des écoles du quartier.
Cette parcelle de 200 mètres carrés sur l'espace public a été transformée par la volonté de citoyens qui ont l'espoir de transformer les villes en « villes-jardins », plus résilientes, moins minérales. En 2020, six parcelles similaires ont ainsi été créées à Montpellier. La mairie a donné son accord et apporté des aides techniques comme l'installation de clôtures provisoires autours des parcelles, le temps que les jeunes plants grandissent un peu. L'association a aussi été lauréate du budget participatif de la Région Occitanie et a reçu une aide financière de 40 000 euros. De nombreux autres projets sont en cours. Le concept de micro-forêt commence à faire des émules en France, on trouve des projets à Perpignan, Toulouse, Nantes, Lille, dans le Grand Paris, à Lyon, à Bordeaux ou en encore Strasbourg.