Neuf-cent-vingt-et-un. Telle est l'estimation de la population de loups en France communiquée, le 27 juin, par le préfet coordonnateur (1) du plan national loup. En sortie d'hiver 2019, l'effectif était estimé à 530 spécimens. Soit une progression de près de 74 % en trois ans.
« Ces éléments confirment la dynamique démographique favorable de l'espèce lupine observée depuis dix ans. Elle s'accompagne d'un taux de survie de l'espèce satisfaisant et d'une hausse de la reproduction », relève le préfet dans un communiqué. Une hausse numérique qui va de pair avec l'expansion de l'espèce sur le territoire, puisque 45 départements sont maintenant concernés par les dommages, ainsi que d'une augmentation du nombre de meutes, qui s'élève aujourd'hui à 106. « En France, le nombre de départements concernés par des attaques a été quasiment multiplié par cinq en dix ans. Des loups erratiques ont été observés, ces derniers mois, en Bretagne, Normandie, Pays de la Loire et en Centre-Val de Loire », relève la Confédération paysanne.
Baisse de la prédation
Afin de concilier la protection de l'espèce et les intérêts des éleveurs, l'État autorise des tirs de prélèvement dans la limite de 19 % de l'effectif total. Avec les mesures de protection des troupeaux, ces actions ont permis une baisse de la prédation, tant en nombre d'attaques que d'animaux tués, malgré l'augmentation de la population du prédateur. « Ces éléments positifs confortent les actions du plan », se félicite le préfet.
« L'augmentation du nombre de loups ne doit pas être l'occasion pour l'État de relâcher le strict encadrement des autorisations de tir », prévient l'ONG. Celle-ci rappelle que les autorisations ne sont prévues que pour prévenir les dommages aux troupeaux, qui continuent à subir des attaques malgré la mise en œuvre de moyens de protection. Le préfet coordonnateur prévoit, quant à lui, d'appliquer le taux de 19 % à la population estimée, soit un plafond de prélèvement de 174 individus pour l'année 2022, sachant que 29 loups ont d'ores et déjà été tués depuis le début de l'année. « Ces tirs seront déployés à proximité des troupeaux protégés et orientés en priorité sur les plus importants foyers de prédation », assure le préfet, qui annonce une enveloppe financière supplémentaire pour améliorer l'efficacité des tirs. En 2021, 30,4 millions d'euros (M€) ont été engagés pour protéger les troupeaux et 3,5 M€ pour indemniser les dommages.
Effectuer les prélèvements en fonction des dégâts
Ces mesures ne satisfont toutefois pas les organisations agricoles. La Confédération paysanne, faisant cavalier seul, réclame davantage de moyens au ministère de l'Agriculture pour anticiper la protection dans les zones où le loup apparaît. « Toutes les régions seront concernées dans les dix ans à venir », estime le syndicat paysan, qui demande à ce que « les prélèvements soient effectués en fonction des dégâts aux troupeaux et non dans un cadre de gestion de l'espèce ».
La FNSEA, accompagnée de quatre autres organisations (JA, FNO, FNB, FNC) et des chambres d'agriculture revient, quant à elle, sur la méthode de comptage des loups. Une contestation qui, en novembre 2021, avait provoqué le boycott du Groupe national loup par trois associations de protection de la nature (FNE, LPO, Ferus). « À rebours de mensonges colportés l'année dernière et destinés à décrédibiliser l'Office français de la biodiversité, il n'y a pas aujourd'hui de méthode plus robuste de suivi d'une population dans aucun pays européen », réaffirme FNE.
La Fédération nationale ovine (FNO) demande à nouveau une révision du statut de protection du loup, qui n'est plus, selon elle, une espèce menacée d'extinction, via une révision de la directive Habitats. « Chaque pays pourrait assurer l'équilibre entre la conservation des espèces sauvages et la conservation des activités agricoles et pastorales », explique le syndicat d'éleveurs.
« L'expansion des prédateurs constitue en effet une menace directe pour les zones rurales désormais au cœur des politiques européennes. Elle participe au non-renouvellement des éleveurs et à l'abandon des espaces entretenus par eux et par leurs troupeaux, appauvrissant ainsi la biodiversité dans son ensemble », estime la FNO accompagnée des autres organisations agricoles. Alors que le nouveau plan loup est en cours d'élaboration, ces dernières appellent à en faire « un véritable plan de sauvegarde du pastoralisme, de l'élevage en plein air et un plan de régulation de l'espèce lupine ».