Un projet de la Commission européenne de suppression progressive du chalutage en eaux profondes a été bloqué jeudi 12 juillet à la dernière minute sur pression du Français Michel Barnier, le commissaire européen au Marché intérieur, rapporte l'AFP. Citant des sources proches de l'exécutif européen, l'agence de presse indique que la proposition préparée par la commissaire à la Pêche, la Grecque Maria Damanaki, devait être présentée vendredi pour validation par le collège des commissaires.
Cette proposition prévoyait une suppression progressive, en deux ans, du chalutage profond dans le cadre d'un projet de réglementation de la gestion de la pêche profonde dans l'Atlantique Nord-Est. Il s'agissait d'interdire les engins peu sélectifs comme les chaluts et les filets maillants de fond, qui engendrent quelque 20 à 40% de prises accessoires, explique l'AFP.
Emplois en France
Si les raisons de l'opposition de Michel Barnier ne sont pas connues précisèment, l'AFP relève néanmoins qu'une dizaine de bateaux et environ 500 emplois directs seraient concernés en France, principalement à Lorient (Morbihan), ainsi qu'à Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais), Concarneau (Finistère) et Le Guilvinec (Finistère).
Selon l'ONG Bloom, "la France s'est opposée (…) à une proposition de règlement réformant la gestion des pêches profondes en Europe", et cela pour "[protéger] une dizaine de navires industriels contre l'intérêt général".
"La majorité des captures profondes françaises est réalisée par la flotte du groupe Intermarché, basée à Lorient", rapporte l'ONG spécialisée dans la conservation marine, précisant qu'"Il s'agit pour la France d'une activité résiduelle dont l'impact écologique est disproportionné par rapport à son importance socio-économique".
Les pêches profondes réalisées à l'aide de chaluts entrant en contact avec le fond sont très consommatrices de gasoil, déficitaires et subventionnées par les contribuables, indique Bloom ajoutant qu'il s'agit d'"une aberration écologique, économique et sociale qui impactent lourdement les écosystèmes marins ainsi que les finances publiques".