Le Kenya - qui abrite la décharge ''sauvage'' de Dandora dans la capitale Nairobi (la plus importante d'Afrique) - produit 3.000 tonnes annuelles de DEEE. Une quantité de déchets électriques et électroniques en croissance chaque année (estimée à 200%) mais le pays ne possède ni législation spécifique ni système de gestion des e-déchets (ordinateurs, imprimantes, téléphones portables, téléviseurs)… Environ 50% du marché kenyan de l'informatique est composé d'ordinateurs de seconde main, a rappelé le PNUE, à l'occasion d'une réunion tenue le 7 septembre à Nairobi.
Des délégués du ministère kenyan de l'environnement et de l'Autorité nationale de gestion de l'environnement (NEMA), des représentants du géant des logiciels Microsoft et des responsables de l'industrie des télécommunications étaient rassemblés mardi pour ''définir ensemble la voie à suivre dans le traitement des déchets électroniques, conformément à la Convention de Bâle sur le contrôle des mouvements transfrontaliers de déchets dangereux et de leur élimination''. L'objectif vise ainsi à soutenir le gouvernement du Kenya à mieux gérer les DEEE et ''minimiser leurs impacts sur la santé et l'environnement''.
''Le Kenya, comme la plupart des pays l'Afrique, n'a pas de politique et de stratégie pour faire face aux déchets électroniques, et donc sa population est fortement exposée aux risques de santé qui sont associés à l'accumulation de ces déchets'', a souligné Mark Matunga, de Microsoft.
Des risques pour la santé et l'environnement
Les substances dangereuses comme les métaux lourds contenus dans la plupart de ces e-déchets constituent aussi ''un risque grave pour l'environnement''. Ils sont en effet composés des métaux précieux comme l'argent, l'or, le palladium, le cuivre ou l'indium mais aussi des substances très toxiques comme le plomb et le mercure. Les DEEE sont souvent récoltés de façon ''informelle'' dans les pays en développement, démantelés voire brûlés dans des dépotoirs comme celui de Dandora qui longe la rivière de Nairobi… Conséquences : une mauvaise gestion de ces déchets entraîne une contamination de l'eau et des sols ''à long terme''. Des procédures d'incinération inadéquates entraînent aussi une ''pollution toxique importante''.
Compte tenu des risques représentés par les substances dangereuses, le traitement de ces déchets représente donc ''une nécessité''. Pour les autorités kenyanes, mesurer l'impact environnemental des déchets électroniques et cartographier les lieux où ils sont stockés et retraités est désormais ''devenu une priorité nationale'', selon le PNUE.
Aucune filière de recyclage dans les pays en développement et émergents
Le traitement de ces déchets représente également ''une opportunité économique'' à travers le recyclage des métaux précieux ou la remise en état des appareils mis au rebut. Mais le Kenya et les autres pays d'Afrique ne sont pas les cas isolés d'une mauvaise gestion des DEEE. D'autres pays en développement sont concernés par ce problème, dont les émergents la Chine, l'Inde, le Brésil, le Mexique et l'Afrique du Sud. Ils ne disposent actuellement d'aucune filière spécifique pour le recyclage de ces déchets. Et ce, alors que la Chine, l'Inde et le Pakistan reçoivent une grande partie de ces DEEE provenant des pays développés.
''La vente de produits électroniques dans des pays comme la Chine et l'Inde, en Afrique ou en Amérique latine, devrait exploser dans les 10 prochaines années, ce qui pourrait avoir de graves conséquences environnementales'', avait déjà prévenu en février le PNUE lors de la publication du rapport ''Recycling - from E - Waste to Resources''. La Chine est ainsi devenu le deuxième producteur de déchets électroniques au monde, derrière les Etats-Unis, avec 2,3 millions de tonnes par an. En Afrique du Sud et en Chine, les déchets d'ordinateurs pourraient notamment augmenter de 200 à 400% d'ici à 2020. En Inde, cette augmentation devrait atteindre les 500%. La téléphonie mobile devrait quant à elle produire 7 fois plus de déchets en 2020 qu'en 2007 en Chine et 18 fois plus en Inde. La proportion de déchets de téléviseurs devrait également doubler dans ces deux pays d'ici à 2020.
Pour le Directeur exécutif du PNUE, Achim Steiner, il ''est urgent'' de mettre en place dans les pays en développement ''des processus ambitieux, formels et régulés pour le ramassage et la gestion des déchets électroniques'' mais aussi des méthodes de recyclage qui ''offrent le potentiel de générer de l'emploi, de réduire les émissions de gaz à effet de serre et de récupérer d'importantes quantités de métaux''.
Ce sont ''des éléments essentiels'', avec la mise en place d'une réglementation, ''si les pays et les entreprises veulent parvenir à exploiter et tirer profits des montagnes de déchets électroniques qui s'accumulent'', a souligné la Directrice exécutive adjointe du PNUE, Angela Cropper. La réunion de Nairobi avait pour but d'inciter le Kenya à mettre en place la première législation sur la gestion des DEEE et devenir ainsi le précurseur en Afrique orientale.