Ce rapport intitulé ''Pour un travail décent dans un monde durable, à faibles émissions de carbone'' a été publié en collaboration par le Bureau international du travail (BIT), la Confédération syndicale internationale (CSI) et l'Organisation internationale des employeurs (OIE).
Selon cette étude, le marché mondial des produits et services liés à l'environnement devrait doubler d'ici à 2020, pour passer de 1.370 milliards de dollars par an actuellement à 2.740 milliards. La moitié de ce marché concerne l'efficacité énergétique, puis viennent les transports durables, l'approvisionnement en eau, l'assainissement et la gestion des déchets.
Les énergies renouvelables (EnR) par exemple, qui représentent 2% de la production mondiale d'énergie, génèrent davantage d'emplois que les énergies fossiles aussi bien dans les pays industrialisés que dans les pays en développement. Selon des projections, des investissements de 630 milliards de dollars d'ici 2030 dans ce secteur se traduiront par au moins 20 millions d'emplois supplémentaires.
Près de 2,3 millions de personnes ont trouvé un nouvel emploi dans les EnR au cours des dernières années. Plus de deux millions de personnes devraient être employés d'ici 2030 dans l'éolien et 6,3 millions dans le solaire. En Chine par exemple, 600.000 personnes possèdent déjà un emploi dans des produits de fabrication et d'installation d'énergie solaire tels que les chauffe-eau solaires.
Les investissements réalisés pour améliorer l'efficacité énergétique des bâtiments pourraient également créer entre 2 à 3,5 millions d'emplois verts supplémentaires en Europe et aux Etats-Unis, avec un potentiel bien plus élevé dans les pays en développement. Et dans le secteur agricole, 12 millions de personnes pourraient être employés dans la filière biomasse utilisée pour l'énergie et les industries qui y sont liées. Au Nigeria, une industrie d'agrocarburants basée sur les récoltes de manioc et de canne à sucre pourrait notamment employer 200.000 personnes. Reste que l'on peut se demander l'intérêt d'une telle industrie sur LE continent de l'éternelle pénurie alimentaire…
Si le rapport s'avère optimiste quant à la création de nouveaux emplois pour répondre au changement climatique, il signale toutefois que nombre de ces nouveaux emplois verts risquent d'être rebutants, dangereux et difficiles particulièrement dans l'agriculture et le recyclage où les contrats précaires, les faibles rémunérations et l'exposition à des matériaux dangereux pour la santé sont fréquents et sont autant de secteurs qui doivent évoluer rapidement.
Le rapport insiste sur la création d'emplois verts et décents, contribuant à réduire la pauvreté tout en préservant l'environnement. Il plaide en faveur d'une transition juste vers une économie verte pour ceux qui sont affectés par la mutation et pour ceux qui doivent s'adapter au changement climatique en procurant des alternatives économiques et des opportunités d'emploi aux entreprises et aux travailleurs.
Le fait que le PNUE rappelle la pénibilité de nombreux emplois de l'Environnement est essentiel commente David Ascher, Directeur de publication du site Emploi-Environnement, site de recrutement spécialisé. Trop de monde pense encore que travailler sur les secteurs de l'Environnement, c'est faire du bien à sa planète et se faire du bien. Si c'est en partie vrai car il est extrêmement motivant de travailler avec la finalité de préserver l'Environnement, il ne faut pas oublier que pour la plupart des métiers, il s'agit de traiter les eaux usées et les déchets ! Ce sont des métiers durs.
D'ailleurs, alors que l'Institut Français de l'Environnement (IFEN) souligne dans son dernier 4 pages le dynamisme des formations environnementales* dans l'Hexagone, il précise aussi qu'en 2005, les offres d'emploi sont restées concentrées dans les métiers relatifs au domaine « pollutions, nuisances et risques ». Pourtant c'est encore la filière « nature, milieux et équilibres écologiques » qui a attiré le plus grand nombre d'étudiants. Cela montre bien que les jeunes veulent agir pour la nature, alors que concrètement et en majorité les besoins du marché de l'emploi environnemental sont ailleurs note David Ascher. Mais d'après l'Institut Français de l'Environnement, la situation semble peu à peu évoluer avec l'émergence des filières « aménagement du territoire et du cadre de vie » et « maîtrise de l'énergie et énergies renouvelables ». Dans ce dernier cas, la médiatisation du réchauffement climatique n'est certainement pas étrangère à cette tendance. Cela motive de travailler dans le cadre de la lutte contre le réchauffement ! Gageons que cela continue. Les besoins en personnel qualifié sont réels, précise le directeur d'Emploi-Environnement.com. Avec une bonne formation sur les secteurs EnR / maîtrise de l'énergie, un emploi sera nécessairement au rendez-vous quel que soit le pays !
* Master exclus de l'étude.