Pour les paysagistes, la requalification de cette friche jouxtant le centre ville bordé de voies ferrées et d'imposants immeubles, a été l'occasion d'expérimenter une « urbanité hétérogène » en favorisant les interactions entre cet espace public et les quartiers limitrophes. L'idée développée est d'installer le parc en ville et non contre la ville pour qu'il soit investi par ses habitants.
Le site comprend notamment un ancien remblai réaménagé en belvédère, reliquat de la destruction des usines du site, un canal et une grande pelouse offrant un espace apaisé. Les paysagistes ont opté pour des formes et espaces sobres qui n'apportent pas de surenchères à un contexte urbain déjà hétérogène.
Au final, le parc peut être apprécié de différentes façons : à l'échelle du paysage vue du belvédère, à l'échelle du parc avec ses allées qui se prolongent dans les rues et à l'échelle des jardins plus intime. Mais pour les paysagistes, il ne s'agissait pas de créer un parc figé dans une image de nature masquant l'idée de la ville dense mais au contraire d'entrer en résonance avec elle. Il est donc possible de faire évoluer ce parc pour qu'il puisse s'adapter aux changements de pratiques et de goûts. Pour la secrétaire d'Etat, ce projet est exemplaire par son apparente simplicité, ses partis pris esthétiques et sa pertinence.
Le jury, composé de personnalités et d'experts français et européens, a souhaité distinguer en parallèle la politique paysagère intercommunale conduite par la communauté de communes de la Haute-Bruche (Bas-Rhin) en lui décernant une mention spéciale. Confrontés à des friches et à des boisements résineux denses, les élus, propriétaires et habitants ont souhaité reconquérir les paysages à l'échelle de la vallée. Les premières actions ont porté sur des opérations de déboisement et un soutien fort aux activités agricoles, seules à même de garantir une gestion pérenne des paysages ouverts. Les communes ont ainsi réhabilité les pâturages communaux et ont fait l'acquisition de parcelles boisées ou en friche. De jeunes agriculteurs sont venus s'installer et 17 associations foncières pastorales ont vu le jour pour gérer l'ensemble des activités. Des vergers ont également été mis en place ou restaurés réconciliant culture fruitière et maintien des pâturages.
Le jury a été particulièrement séduit par la participation active des habitants et la durabilité du projet prouvé par une réelle reprise de l'activité agricole.
Organisé depuis 2004 par le ministère de l'Ecologie, de l'Aménagement et du Développement durables, avec la direction de la nature et des paysages, ce grand prix est ouvert à toutes les communes de France, à leur regroupement, à toutes les collectivités territoriales et aux organismes et établissements publics. Il récompense une réalisation exemplaire achevée depuis au moins trois ans et distingue le maître d'ouvrage public, le paysagiste maître d'œuvre et, le cas échéant, les associations impliquées dans le projet. L'objectif : mettre en valeur des démarches exemplaires tant à l'échelle nationale qu'européenne et faire connaître la diversité des actions dans le domaine des paysages.