L'affaire du Probo Koala, ce cargo ayant déversé des déchets toxiques en Côte d'Ivoire en 2006, refait surface. Les autorités britanniques "ont reconnu qu'elles ne disposaient pas des outils, des moyens ni des compétences nécessaires" pour enquêter sur le rôle de l'affréteur néerlandais Trafigura, a dénoncé le 23 juillet l'ONG Amnesty International.
Le dossier sur cette affaire a été présenté à la police métropolitaine du Royaume-Uni, au parquet et à l'Agence de l'environnement en mars 2014. "Le parquet anglais a estimé que le dossier n'était pas de son ressort et a transmis l'affaire à l'Agence pour l'environnement". En mars 2015, cette dernière a fait part "de sa décision définitive de ne pas ouvrir d'enquête". Dans sa décision (1) rendue publique par Amnesty le 23 juillet, l'Agence de l'environnement a reconnu qu'elle "ne dispose pas de personnel suffisamment qualifié et expérimenté pour mener une telle enquête" tout en pointant de "récentes restrictions budgétaires". L'Agence "a une expérience limitée dans la conduite de grandes enquêtes complexes, en particulier dans un cas comme celui-là où la grande majorité des éléments de preuve semble provenir de l'étranger". Trafigura "utilisera tous les recours procéduraux disponibles pour contrer chaque étape d'une nouvelle enquête", a ajouté l'Agence.
"Compte tenu du rôle central joué par une entreprise britannique dans cette catastrophe, l'indifférence témoignée par les autorités du Royaume-Uni est scandaleuse", a fustigé Lucy Graham d'Amnesty International.
Plus de 500 mètres cubes de déchets dangereux auraient été déversés en août 2006 à Abidjan, causant la mort de 15 personnes et plusieurs dizaines de milliers d'intoxications. En février 2007, Trafigura avait conclu un accord amiable avec l'Etat ivoirien qui arrêtait toute poursuite en contrepartie du versement d'une indemnisation globale d'une centaine de milliards de francs CFA (152 millions d'euros).
En 2011, une filiale de Trafigura a été reconnue coupable par la Cour de La Haye d'exportation illégale de déchets dangereux depuis les Pays-Bas. Le procureur néerlandais s'était toutefois opposé à ce que les procédures judiciaires couvrent les conséquences des dépôts sauvages en Côte d'Ivoire.
En septembre 2012, après avoir publié un rapport mettant en cause la responsabilité de la multinationale, les ONG Amnesty et Greenpeace s'étaient tournées vers le parquet britannique, lui réclamant d'ouvrir une enquête pénale à l'encontre de Trafigura Limited. Cette filiale basée à Londres "avait pris un grand nombre de décisions cruciales à l'origine du désastre d'août 2006, dont celle de confier à une entreprise locale l'évacuation des déchets à Abidjan", selon Amnesty.
En février 2015, plus de 100.000 victimes du déversement ont assigné Trafigura devant le tribunal d'Amsterdam lui réclamant des indemnités et le nettoyage des déchets.