Parmi les 186 ou 188 communes que compte le PNR de Lorraine, nombreux sont les conseils municipaux à avoir reçu de l'Andra un dossier assez flatteur dans un contexte de crise économique, les incitant à se porter candidat à : un projet national et une opportunité pour développer votre commune. En effet, les 210.000 hectares du PNR se trouvent sur une côte calcaire avec en dessous, une vaste dépression argileuse. Or, c'est sur un terrain argileux que l'Andra cherche à implanter un nouveau site de stockage de déchets radioactifs. Et dès qu'une commune se trouve sur un terrain présentant ces caractéristiques, toutes les communes du canton sont invitées à candidater par délibération du conseil municipal.
Considérant qu'un tel projet dépasse l'intérêt d'une commune ou d'un canton, le PNR de Lorraine émet en effet un avis défavorable quant à la possibilité de l'Andra de retenir un éventuel site de stockage sur son territoire, considérant notamment l'exigence de qualité et l'image portées par la marque délivrée par l'Etat à son territoire, le caractère des patrimoines naturel, paysager, culturel et touristique qui fondent le classement et le nécessaire principe de précaution, et l'absence de débat de fond et de consultation du Parc par les services de l'Etat et l'Andra malgré la demande exprimée., indique le communiqué de la Fédération.
Le PNR de Lorraine s'étend sur les départements de la Meuse, de la Moselle et de la Meurthe-et-Moselle. Le préfet de ce département et celui de la Somme seraient les seuls à avoir communiqué la liste des communes sollicitées par l'Andra, estime le Collectif contre l'enfouissement des déchets radioactifs (Cedra). Pourtant, dans son ordre de mission à l'Andra, le ministre de l'Ecologie, de I'Energie, du Développement durable et de I'Aménagement du territoire (Meeddat) Jean-Louis Borloo avait exigé transparence et respect de la démocratie locale dans la procédure.
A 80 km du PNR de Lorraine se trouve déjà le village de Bure (Meuse), situé dans les 250 km2 de la zone de transposition du laboratoire en site de stockage de déchets hautement radioactifs à vie longue (HAVL). Une zone qui, cette année, se réduira à 30 km2, et se trouve à cheval sur le département de la Haute-Marne. Selon le Journal de la Haute-Marne, 150 communes du département auraient été sollicitées par l'Andra, précise Michel Marie du Cedra. Elles sont sans doute plus nombreuses, aux vues de celles qui délibèrent, des sollicitations de citoyens inquiets d'apprendre qu'ils sont concernés, sans compter celles qui ne communiquent pas sur leur décision… Partout ça bouge, la population réagit. Ce collectif en est à sa dixième réunion publique contradictoire, avec une participation de 50 à 100 personnes à chaque fois.
Parmi les 40 autres PNR de l'Hexagone, d'autres que celui de Lorraine comptent-ils également sur leurs territoires certaines des 3 115 communes sollicitées par l'Andra depuis le lancement de l'appel en juin dernier ? Celui de la Forêt d'Orient près de Troyes, très certainement. À quelques kilomètres de ce PNR, toujours en Aube et à la frontière avec la Haute-Marne, se trouvent déjà les sites de stockage de déchets nucléaires de faible ou moyenne activité (FMA) de Soulaines et de déchets Très faiblement radioactifs (TFA) de Morvilliers.
Il n'y a pas d'opposition de principe entre un PNR et une grosse infrastructure, relativise Marc Gastambide, directeur de la Fédération des Parcs Naturels Régionaux de France. Un PNR, bien sûr, ne doit pas être une grande ville très urbanisée ou recevoir de grands équipements polluants sans qu'il ait donné son aval. Le PNR Loire Anjou Touraine abrite une centrale nucléaire. Les PNR Montagnes de Reims et Ballon des Vosges sont traversés par une ligne LGV. Ce qui compte, c'est que l'équipement soit compatible avec la charte du PNR, souligne Marc Gastambide.
Cette notion de compatibilité sera sans doute éclaircie à la lecture de la liste des zones retenues pour des investigations complémentaires à l'implantation d'un stockage de déchets FAVL, dont la publication est attendue du MEEDDAT depuis fin janvier. Restera alors peut-être entière la question de l'accumulation.