Il s'agirait tout simplement de « la plus grande enquête citoyenne sur le vélo dans le monde ». Ce jeudi 10 février, à l'occasion de son 22e congrès, à Tours, la Fédération française des usagers de la bicyclette (Fub) a présenté les résultats de son dernier baromètre biannuel des villes cyclables. Mené en ligne, de septembre à novembre 2021, ce sondage a recueilli 277 000 contributions de cyclistes de toute la France. Il a ainsi permis de classer le « climat cyclable » ressenti dans 1 625 communes et de cartographier plus d'un million de points d'intérêt.
Des attentes encore insatisfaites
Parmi les cyclistes sondés, 76,4 % se déplaceraient à vélo au moins une fois par semaine. La Fub identifie cependant une réduction, d'environ 16 % en deux ans, du nombre de cyclistes déclarant utiliser leur vélo tous les jours. Elle explique cette disparité, en partie, par le plus large panel de répondants recensés cette année. Elle note, par exemple, un plus grand nombre de femmes (46 %, soit + 4 %) qu'auparavant. S'agissant du ressenti global sur l'usage du vélo en 2021, la majorité des sondés atteste, en moyenne, d'un climat cyclable « plutôt défavorable » dans l'ensemble des villes classées par le baromètre. « Les attentes des usagers évoluent souvent plus vite que le rythme des politiques mises en place », souligne la Fub.
Pour 47,8 % des cyclistes, les conditions d'usage du vélo – ressenties comme mauvaises, pour 64 % des répondants – restent identiques à ce qu'elles étaient en 2019. Pour changer la donne, les personnes interrogées ont ainsi cartographié plus de 553 000 points d'intérêt à améliorer en priorité, ainsi que 366 000 points « de besoin en stationnement vélo ». « Le vélo, au-delà̀ d'être un mode de déplacement, est un formidable outil de transformation des territoires et de la vie des citoyens, remarquent Thibault Quéré, responsable du plaidoyer, et Thibault Vermeulen, chargé de campagne baromètre de la Fub. Le baromètre des villes cyclables constitue le point d'entrée pour opérer cette transformation, alors osons davantage et répondons ensemble au défi collectif de construire des villes et des villages cyclables. » Sur le plan global, la Fub privilégie notamment la réduction de la place de la voiture, comme « condition sine qua non à la création d'un environnement permettant à tout le monde de circuler à vélo en confiance ».
La Corse, région la plus mal notée
Malgré l'état de la situation nationale, certaines villes sortent encore leur épingle du jeu. Sur les quelque 1 600 communes classées par les cyclistes, Saint-Aubin-de-Médoc (Gironde) arrive en tête du peloton. Cette commune de 6 800 habitants en banlieue de Bordeaux a reçu la note de 4,89/6 (A+), enregistrant une progression de 69 % en deux ans. La Nouvelle-Aquitaine est d'ailleurs la région où se trouve la majorité des communes les mieux notées. Du côté des 38 grandes villes françaises (de plus de 100 000 habitants), selon les cyclistes, Bordeaux, Paris, Lyon ou encore Marseille restent moins favorables au vélo que Grenoble (4,21/6) ou Strasbourg (4,18/6). « Elles n'ont pas d'autres choix que de s'engager dans la transition mobilitaire » pour lutter contre la pollution de l'air et la congestion de l'espace public, d'après la Fub.
Concernant les mauvais élèves, les 218 villes moyennes (entre 150 000 et 100 000 habitants) classées constituent la catégorie la plus mal notée. « Semblant hésiter entre être de grands villages ou de petites métropoles, les villes moyennes se trouvent à ne bénéficier ni des aménagements faits pour le tourisme à vélo des uns, ni disposer de l'ambition, des moyens et de l'expertise technique nécessaires à la construction du système vélo des autres, énonce la Fub. Les notes sévères traduisent également une attente très forte des citoyens, qui souhaitent le même niveau d'exigence dans les politiques cyclables, pour des communes qui, à leur échelle, structurent les déplacements de dizaines de milliers de personnes pour le commerce, l'emploi, l'éducation, l'offre culturelle, sportive et touristique. » Sur le plan régional, la Corse (ainsi que la vingtaine de communes d'outre-mer incluses dans le baromètre) compte le plus grand nombre de mauvaises notes.